LA LÉGENDE DORÉE
Contribution La Griffe Lorraine
Rubrique Métaphysique
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲▲
Facilité de lecture ▲▲▲▲△
Rapport avec le rite ▲▲▲▲△
Comment parler des saints honorés par les chrétiens, sans avoir lu La Légende Dorée de Jacques de Voragine ? Cette question n'est pas anodine, car Voragine -qui ne fut qu'un compilateur de Vitae anciennes- fut cependant bien plus que cela. Il remit en forme des textes disparates, remit de l'ordre dans un amas d'hagiographies, se montra un exégète de première force et surtout imprégné de cette pensée médiévale qui nous est si étrangère. Vous l'avez deviné, je suis un fana de JDV. Bien sûr La légende Dorée, doit énormément à l'abbé Roze, qui en fit une traduction de référence et il faut lui rendre un hommage appuyé car il sut en faire un ouvrage à la lecture aisée.
Les saints sont présentés dans l'ordre du calendrier liturgique, et non pas alphabétique. En ce sens, ils sont à leur place allégorique et signifiante. Ensuite, notre auteur, en exergue des biographies plus ou moins mythologiques, nous livre les clés essentielles d'emblée. Chaque nom de saint porte en lui plusieurs sens, et Voragine de les décortiquer. C'est un authentique passeur de sens. Plus que cela encore, quelques fois il se montre sceptique quant à quelques anecdotes, dont celle du lion de Saint Jérôme en écrivant qu'il ne croit guère à cette histoire ! Jacques de Voragine ne traite pas seulement des saints, mais des fêtes religieuses inscrites au calendrier de la liturgie. Ce-faisant il en livre les clés symboliques.
Jacques de Voragine, tout au cours de ses lignes, n'hésite pas à citer ses sources, et c'est ainsi que l'on voit apparaître Saint Bonaventure et autres hagiographes renommés. Il se fait, sans le vouloir, historien.
Sous les vitae recomposées par Voragine se tiennent de puissantes allégories dans lesquelles puisèrent les imagiers médiévaux, et reprises par les siècles suivants. Les compagnons bâtisseurs s'en inspirèrent, tout comme les théologiens, les ésotéristes et les mystiques. La vie de Saint Hubert, par exemple, n'est qu'un prétexte à évoquer le mythe des chasseurs saisis soudain par la compassion...
Bref, une sainte somme à lire sans modération.