Le principe une histoire métaphysique
Contribution La Griffe : Paris
Rubrique Métaphysique
Recommandation de lecture ▲▲▲▲
Intérêt général ▲▲▲▲
Facilité de lecture ▲▲▲
Rapport avec le rite ▲▲▲
Les francs-maçons affectionnent les raisonnements philosophiques, certains en font leur passion, leur violon d’Ingres, leur respiration, plus encore leur raison d’Être. Dès la moindre formulation, l’on se doit d’expliciter le contenu des concepts utilisés, d’admettre les échanges, la contradiction. Véritable exigence absolue. Notre philosophe se plie rigoureusement à ces règles en définissant le principe : archè en grec signifie à la fois commencement et commandement. S’ensuit alors une liste non exhaustive de principes (de droit, de contradiction, de classement, de thermodynamique …), véritable « rapsodie d’une énumération arbitraire et sans ordre ». La discussion s’ouvre ensuite au fond. Elle emprunte un chemin avec les incontournables Platon, Aristote, Descartes, Pascal, Spinoza. Nous en rencontrerons bien d’autres.
Le professeur n’hésite pas à recourir à des démonstrations sur les causes, la forme, la raison, l’intuition, l’entendement, l’interdépendance …
Véritable promenade sur le principié, l’Être, les étants, les oppositions entre l’a priori ou l’a posteriori.
Pour nous francs-maçons, cela peut paraître trop austère. C’est seulement à la page 84 que nous aborderons la transcendance de l’Un qui ne constitue :
“ni qualité, ni quantité, ni dans le lieu, ni dans le temps, sans forme… “ (Plotin).
Plus loin, l’étude présente succinctement le principe divin, systématisé par Proclus : « l’analogie, l’éminence et la négation ».
Le langage reste naturellement impuissant pour exprimer le divin. Tous les philosophes, tous les théologiens, tous les penseurs l’ont tenté, malgré les contradictions, voire les oppositions que l’on connaît.
L’auteur s’y frotte aussi, étudie, décortique brillamment - trop brillamment peut-être - la notion métaphysique du Principe.
Laurent Cournarie en arrive ainsi en 250 pages à déconstruire ces représentations, en jouant avec les raisonnements, les mots, sans ignorer le risque de perdre le lecteur dans un dédale de complexification.
Les hypothèses des philosophes interrogent souvent les francs-maçons car ceux-ci sont au cœur d’une démarche initiatique sur le connaître plus que sur le savoir.
En faisant flèche de tout bois, certaines analyses semblent de nature à perturber le lecteur qui ne pratique pas régulièrement la pensée d’Heidegger notamment.
L’intérêt de ce livre, absolument passionnant, consiste avant tout à nous ouvrir à une dimension métaphysique, ontologique du principe, non détournée par le langage. Nous disposons là d’une étude universitaire érudite qui demeure sinon d’un abord aisé, accessible cependant à tout lecteur de bonne volonté.
De la belle ouvrage pour alimenter nos travaux comme nos propos !