CROIX DE CENDRE
Contribution La Griffe Lorraine
Rubrique Coups de coeur
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲△
Facilité de lecture ▲▲▲▲△
Rapport avec le rite ▲▲▲▲△
Le prix littéraire décerné par le jury des Rencontres Écossaises 2024 et les propos d’Antoine Sénanque à Angers, m’ont convaincu de lire ce roman. C’est peu dire que je ne le regrette pas. Quitte à vous infliger une nouvelle contribution de La Griffe, qui en comporte déjà plusieurs sur ce livre... Mais tant pis, car je veux partager avec vous mon enthousiasme.
Quel voyage ! Un voyage historique aux origines de la grande peste du Moyen Âge, voyage romanesque au cœur de l’amitié, voyage religieux dans le tréfond de l’Inquisition, voyage théologique et philosophique aux sources de l’œuvre de Maître Eckhart, voyage initiatique et alchimique aux sources de l’amour, de la vie et de la mort.
Une réussite totale, qui nous permet de mieux comprendre l’importance de son œuvre dans les Gnoses et dans nos propres rituels. Et qui nous questionne sur le rôle d’intercesseur ou de médiateur entre le monde céleste et le monde terrestre, entre le formel et l’informel. Sur cette fameuse « distance de Majesté », clé du livre, qui nous séparerait (?) du Divin. Ce qui nous permet de comprendre pourquoi l’Église institutionnelle a cherché à combattre l’influence spirituelle de Maître Eckhart, voire à l’effacer…
Cet ouvrage, au demeurant très bien écrit et agréable à lire, n’est pas sans rappeler le célèbre « Au nom de la rose » d’Umberto Eco. Certes, la fiction y a sa part quant à la biographie de Maître Eckart, ce qui permet d’ailleurs d’incarner ce spectre éthéré qui vient régulièrement hanter nos planches.
En filigrane de ce livre, on ressent tout le respect et toute l’affection intime qui lie l’auteur à Eckhart. En levant le voile sur la sublime doctrine de l’absolu, il révèle la complexité et la beauté du relatif, les failles d’un homme, la proximité d’un ami, la reconnaissance d’un frère, la vie d’un maître…
Un être de sang et d’Or.