DENIS DIDEROT OU LE VRAI PROMÉTHÉE
Contribution La Griffe Aquitaine
Rubrique AdHoc
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲▲
Facilité de lecture ▲▲▲△△
Rapport avec le rite ▲△△△△
Dans le fond, 717 pages suffisent à peine à brosser le portrait de l'un de ceux qui vont composer la « Trinité classique des Lumières » : Voltaire, Rousseau et lui-même antagonistes parfois, en fonction de personnages issus de sociologies différentes et de priorités idéologiques dissemblables. Ainsi, Denis Diderot, après avoir reçu sa scolarité chez les Jésuites de Langres, deviendra un matérialiste convaincu qui aura beaucoup de mal à composer avec un Voltaire déiste ou un Rousseau et son « Vicaire Savoyard » ! Cependant les trois géants réussiront à trouver un terrain commun pour lutter contre la superstition, l'intolérance et l'obscurantisme, afin de faire triompher la liberté de conscience.
Raymond Trousson, professeur émérite de l'Université libre de Bruxelles et membre de l'Académie Royale de langue et littérature française, dans une belle écriture, nous fait partager avec bonheur le parcours de l'écrivain philosophe à la fois profond et plein d'humour, maniant avec bonheur une langue où se mélangent l'expression populaire et le langage des salons. Michelet, l'historien, écrivit : « Grand spectacle de voir ce siècle autour de Diderot. Tous venaient à la file puiser au puits de feu. Ils y venaient d'argile, ils en sortaient de flamme »… Diderot, avec enthousiasme, se proposait de changer la façon commune de penser. Pour se faire, codirecteur, avec le mathématicien d'Alembert, il va diriger la publication de la fameuse « Encyclopédie », véritable monument des Lumières.
Diderot, fut également un romancier moderne qui va bouleverser la littérature contemporaine et future ( « La Religieuse, Le Neveu de Rameau, Jacques le Fataliste, Le Rêve de d'Alembert, La lettre sur les Aveugles » ), créateur en France de la critique d'art ( « Le paradoxe sur le comédien ») ; philosophe matérialiste et athée, souvent précurseur dans la réflexion scientifique, penseur politique infatigable. Il est aussi un voyageur permanent qui va parcourir non seulement la France, mais aussi l'Europe, allant jusqu'à Saint-Pétersbourg, à la demande de Catherine II à qui il projette de vendre sa bibliothèque, mais qu'il sera obligé de fuir devant ses assiduités !
Finalement, il se posera la question : « Est-ce que l'on sait où l'on va ? »