Contribution La Griffe Aquitaine

Rubrique AdHoc

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲△

Facilité de lecture ▲▲▲▲△

Rapport avec le rite ▲▲△△△

L’auteur, voyageur solitaire, écrit au jour le jour et dans un style alerte, très littéraire et érudit, son aventure alors qu’il stationne sans savoir pourquoi à Douville, station balnéaire, sans y avoir d’attache particulière. L’absurdité de cette situation provoque chez lui des épisodes anxieux particulièrement violents, qu’il décrit sous la forme d’une « nausée », véritables épisodes confusionnels dictés par la rencontre avec des lieux, des gens, des situations, dont il tente en vain d’en décrypter le sens. Il y campe divers personnages, dont « l’autodidacte » qui étaye sa vérité par l’exégèse mot-à-mot des pages du dictionnaire consulté à la bibliothèque municipale. Antoine Roquentin, le héros, est poursuivi par la recherche de « ce que veut dire exister ». Confronté à l’absurde, il est en proie à d’authentiques et déstabilisantes manifestations émotionnelles de dégoût. Face à l’étrangeté de ses perceptions et sensations, de petites crises de folie lui révèlent dans leur nudité la réalité des êtres et des choses qui l’entourent. Il observe avec acuité son corps, ainsi que cet entourage, jusqu’à ce que la réalité d’une ancienne relation amoureuse se matérialise, la réalité du personnage de l’autodidacte s’objective : il se révèlera un pédophile. Roquentin est-il fou, génial, l’ambigüité qui se niche au cœur du récit rappelle au lecteur à quel point clairvoyance et égarement se côtoient, la vérité n’étant que ce que la société attribue aux événements, aux êtres et aux choses et que rien n’a de raison d’être à priori, que le fait d’être là est absurde.

« Du présent, rien d’autre que du présent, une table, un lit, une armoire à glace, et moi-même. La vraie nature de présent se dévoilait, n’était que ce qui existe, et tout ce qui n’était pas présent n’existe pas. Le passé n’existait pas. Pas du tout… les choses sont tout entières ce qu’elles paraissent, et derrière elles, il n’y a rien ».

Cette quête de sens rejoint quelques-unes de nos préoccupations et recherches quotidiennes, lorsque nous nous nous joignons à ces moments parfaits où circulent des exercices spirituels. Son ex-maitresse Anny va lui aménager une brève rencontre, n’étant revenue que pour lui « ôter tout espoir » ! « Je vais me survivre », conclue-t-il, quitter Douville à la recherche de sa « dignité de roseau pensant ». Une musique de jazz, et « demain, il pleuvra sur Douville »

N’oublions pas Sisyphe !

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