LES FORMES DANS LA NATURE
Contribution La Griffe Aquitaine
Rubrique AdHoc
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲▲
Facilité de lecture ▲▲▲△△
Rapport avec le rite ▲▲△△△
Le philomorphe – c’est facile à deviner – est celui qui aime les formes.
Se disent philomorphes la poignée d’étudiants et d’enseignants américains de Harvard qui contribuèrent à écrire cette étude – titre original : Patterns in Nature – en 1974, an de grâce où j’entrai à l’Ecole d’Architecture de Bordeaux.
Je ne me lasse pas de reparcourir ce livre fabuleux et unique, livre de scientifique, de physicien, mais aussi d’esthète, voire de poète.
Son ambition est de comprendre et de montrer le répertoire des formes naturelles telles qu’on les trouve dans les arbres, les cours d’eau, les cristaux, les rayures des zèbres et les bulles de savon, partout dans la nature, et de les expliquer de façon extrêmement pointue à l’aune de la pure rationalité physique qui préside à leur déploiement dans l’espace.
On voit que tout principe de structure naturelle est un principe d’économie radicale dans la distribution raisonnée de la matière.
Aucun ésotérisme donc n’est à trouver dans ce livre, aucune allégorie, aucun symbolisme.
Il n’est question que de matière. Ça nous change un peu.
Mais que ceux qui ne sont pas faits de matière nous jette la première pierre !
Et que ceux qui – comme la nature - sont eux aussi partisans du moindre effort ne le lise pas. Citation : Rien ne me perturbe plus que le temps et l’espace ; et pourtant rien ne me gêne moins. Car je n’y pense jamais.
Car voilà. Quand on regarde comment s’arrangent les choses de notre monde, les lianes, les coquillages et les galaxies, on regarde comment elles prennent place dans l’espace.
Mais l’espace n’est pas un truc neutre. C’est même de là que ça part. Il a ses règles implacables. Par exemple il n’y a que deux formes régulières capables de réaliser une mosaïque sur un sol plan : le triangle équilatéral et le carré. Quant à la troisième dimension, essayez donc d’assembler sept triangles sans que ça vous sorte une selle de cheval !
Des contraintes de notre espace physique naissent la forme des coulures, des embranchements et des bulles. C’est fascinant.
Pas une once de spirituel donc dans ce livre. Mais voire. On est au cœur de notre deuxième degré écossais, en plein quadrivium. Spectacle des merveilles de la nature, mise en scène de la multiplicité à partir de la source, miracle de la croissance et de l’énergie mystérieuse de la vie.