Un été dans la sierra.
Contribution La Griffe Île de France
Rubrique Ad Hoc
Une randonnée vers Autre chose, à conduire des moutons en transhumance vers la Yosémite Valley.
Recommandation de lecture: ▲▲▲▲▲
Intérêt de lecture: ▲▲▲▲▲
Facilité de lecture ▲▲▲▲
Rapport avec le rite: ▲▲
Shame on me ! Bavardant avec des amis anglo-saxons sur le sentiment panthéiste que l'on ressent parfois face à la nature et sans doute pour faire mon malin, je citais naturellement David Thoreau et « Walden », la Bible de tout « homme des bois » imaginaire. Je perçu alors quelque commisération chez mes interlocuteurs et leur remarque que la tentative de Thoreau de se « resauvagiser » n'était que très superficielle et que sa fameuse cabane en rondins était voisine de la petite ville de Concord, où il se rendait très souvent chez son ami le philosophe Emerson, surtout dans les périodes de grand froid. Une vie assez casanière dans le fond ! Je me suis donc précipité vers la lecture de John Muir et de son « été dans la sierra ». J'avoue que cela fut une découverte merveilleuse qui se passe par étapes : on est d'abord intéressé par ses descriptions détaillées de la faune et la flore au fil des jours, puis nous nous apercevons que l'auteur n'est pas qu'un simple naturaliste qui s'enivre de vie au grand air, bavardant avec les bergers et découvrant la liberté merveilleuse des campements, le soir. On le sent, inconsciemment, à la recherche d’« Autre chose » et c'est du côté de la topographie que cela va venir : plus il monte dans la sierra, plus la nature devient sauvage et plus il est envahi, bouleversé par la beauté du monde, moins de choses à observer également, ces choses qui sont une distraction pascalienne qui distraient de l'introspection. En fait, John Muir nous convie à un pèlerinage où, d'étapes en étapes, nous aboutissons à l'approche d'un ordre, d'un Principe, auteur de toutes ces merveilles. À la description des débuts, l'auteur n'a plus assez de mots pour dire son attente et son émerveillement. Seul le silence, à un moment donné, peut rendre compte de la rencontre avec cette autre dimension si attendue et espérée.