L’ARBRE LUMIÈRE
Contribution La Griffe Midi-Pyrénées
Rubrique AdHoc
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲△
Facilité de lecture ▲▲▲△△
Rapport avec le rite ▲▲▲△△
On ne peut rêver meilleure impossibilité qu'un arbre lumière !
Pourtant je devine dans ce beau recueil qu'un arbre lumière aurait deux merveilleux effets : il ferait de la lumière un arbre, c'est à dire un mât natif, et de l'arbre une lumière, c'est à dire une source transportant sa vibration. Mais les deux, ensemble, font comme un rébus spirituel dense et déroutant, comme un nœud de trois brins pour moi indémêlables :
-un fil d'années-lumière tendu de toute étoile à tout œil. Voilà l'immense arborescence de la voûte céleste.
-la mort d’un fils. La voix paternelle se brise mais – le père est poète – redevient voix naturelle, de lumière ;
-une question, nue, simple et terrible : que peuvent les racines quand une branche se casse, quand une branche s'envole ?
Une image toute simple, peut-être fausse, m'a hanté durant la lecture de ce recueil serait : un soudain coup de vent éteint le flambeau du relayeur suivant ; que pouvons-nous alors d'autre que redémarrer, courir, là-bas, pour lui ?
Je devine bien que ce n'est pas suffisant ni fidèle, que veille ici la tradition juive qui m'échappe – un monde où les lettres sont des êtres vivants, les noms des aliments, et les prières des semences –, que de muets et étincelants efforts de la nature nous précèdent et peut-être nous guident, et que Dieu est un tel Tout-Autre que même l'infini le perd de vue, courbe sa prétention, rebrousse chemin, revient au même.
J'en garde la question profonde, qui fait peur : doit-on vraiment réparer le tort de la perte d'une voix ? Quel sens d'être pour ce qui n'a plus de vie ? Même chez les morts jeunes, la jeunesse n’est pas une solution ; au mieux, un problème de moins : avoir quitté l'être sans en subir l'usure, avoir refermé sur lui-même et sur soi un passé pur de toute nostalgie. Et que d'autres ignorent maintenant à notre place ce qu'on aurait vécu, quels droits en tirent-ils ?
Questionnements sur la mort et la mort d’un être aimé, auxquels l’initié s’affronte. Il trouvera peut-être ici, des réponses, portées par la lumière, là où on n’attend que ténèbres.
Une certitude : s'il y a un véritable bureau des tâches de l'Univers, il ne distingue pas, dans ses serviteurs à chants ou à signes, entre morts et vivants. L'inconnu fréquente équitablement Matiah et Michel Eckhard Elial.