MAURICE ZUNDEL, NICOLAS BERDIAEV ET LES TROIS FILS D’OR

Contribution La Griffe Hauts-de-France

Rubrique AdHoc

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲▲

Facilité de lecture ▲▲▲▲△

Rapport avec le rite ▲▲▲▲△

Cette étude compare les conceptions de l’homme, autrement dit les anthropologies, de Nicolas Berdiaev (1874-1948), philosophe parmi les plus éminents de « l’Âge d’argent » de la culture russe, et de Maurice Zundel (1897-1975), prêtre suisse, humble vicaire et modeste aumônier.

Berdiaev n’a de cesse de rappeler que ce que nous connaissons de l’Écriture, on le doit aux mystiques, type rhéno-flamands pour lesquels « exister » présuppose l’amour infini de l’amant et de l’aimé, à l’inverse des théologiens ou de l’église séculaire comme nous le rappelle Zundel.

Malgré cette différence, trois traits fondamentaux leur sont communs :

-La conception ternaire du composé humain :

-le corps qui, par ses cinq sens, nous ouvre sur le monde physique et la réalité matérielle.

-l’âme, anima qui anime et rend vivant ce corps, ou psykhe lieu de notre intériorité et de notre    conscience.

-l’esprit, qui met en présence le divin et notre condition humaine faisant de nous un être accompli       donc ternaire.

-La conception symbolique de la seconde naissance, naissance à l’esprit et à la totalité de notre soi, présentée à la fois comme mystère et comme nécessité, afin de nous immortaliser ou d’accéder à la vie éternelle.

-La conception de l’immortalité qui n’est pas naturelle ou innée, mais conditionnelle ou acquise par une dynamique de déification par laquelle, progressivement, patiemment et infiniment, « de commencements en commencements, par des commencements qui n’ont pas de fin » (Grégoire de Nysse), il est permis de se métamorphoser, d’accéder à la plénitude de son humanité, de Dieu en l’homme et de l’homme en Dieu.

Ce sont les « trois fils d’or » mis en exergue dans le titre de ce livre, nous sensibilisant à une philosophie essentiellement intuitive faisant toute la qualité de cette œuvre, et répondant parfaitement au questionnement que suscite en nous la démarche initiatique.

Cette philosophie, les deux hommes l’ont pensée en vue d’aider, voire de susciter l’éveil et la transmission chez celui qui est à leur écoute, illustrant ainsi parfaitement la posture du maçon écossais.

A la lecture de ce livre, on constate que Zundel et Berdiaev, mus et guidés par l’esprit de vérité, apôtres du silence, enracinés dans une compréhension apophatique de l’homme et de sa création, n’éprouvaient pour l’intellectualisme aucune estime particulière, au risque d’entretenir immanquablement chez ceux qui s’en gavent l’illusion d’exister, les détournant tragiquement du seuil d’éveil capable de les accoucher à eux-mêmes.

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