LES PIERRES SAUVAGES

Les pierrres sauvages - Fernand Pouillon - COUV.jpg

Contribution La Griffe Lorraine

Rubrique AdHoc

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲▲

Facilité de lecture ▲▲▲▲▲

Rapport avec le rite ▲▲▲△△

Vos chères têtes blondes ne savent pas quelle orientation prendre en seconde ?

Offrez leurs « Les pierres sauvages » écrit en 1964 par Pouillon, alors en prison.

Et qui recevra le prix des Deux Magots l’année suivante ? Ironie de la petite histoire.

 

Ce n’est pas un roman (si peu), mais davantage la narration d’un projet.

Celui de l’édification de l’abbaye cistercienne du Thoronet (1157), Sœur romane de Silvacane et de Sénanque, dans le sud de la France, déroulé documenté que nous invite à vivre le maître de l’œuvre. On dirait architecte aujourd’hui, oui mais un architecte-moine. Il en reste quelques-uns…
Pouillon déroule le processus de création. C’est-à-dire une constance soutenue accordée à l’esprit, fil d’Ariane, depuis l’implantation (et de l’adaptation au terrain si particulière que requerra Le Thoronet), jusqu’au parement des pierres, sans joints, nécessitant donc une assise parfaite.

A toute partie visible correspond une partie invisible, afin que l’ordre ici-bas soit le reflet de la perfection de l’Ordre d’en-Haut. Car il s’agit d’une construction spirituelle bien plus que matérielle, d’un acte de foi. Rien n’est trop beau pour rendre grâce, ainsi tout se doit d’être d’une humilité extrême.

Construire à l’os… rien que le nécessaire.

Capter la lumière pour faire blondir les pierres, équilibrer parfaitement les masses, accorder attention à la résonnance (chant grégorien), unicité du matériau (se fondre , là aussi, dans l’ordre naturel).
Bref, que de l’impalpable, de la tension, de la douce force, sans prise sur le temps car il est question ici d’éternité. Pouillon fait passer son immense amour, allié à un profond respect pour ces bâtisseurs inconnus, qui firent don de leur personne, à toutes étapes de leur vie, pour plus grand qu’eux. Ce qu’il fit, lui aussi, tout au long de sa vie, à une autre échelle et dans d’autres circonstances…
Je réalise à l’instant le décalage de Pouillon écrivant en prison : même a contrario importance de la lumière, même unicité du matériau, même silence forcé et non consenti, durée opposée au temps déroulé, inutilité opposée au don de soi.
Ce récit est en filigrane celui d’une renaissance, la sienne, la nôtre quelque part, et un appel à un dépassement.

Jeunes générations, soyez bellement passionnées !

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