BRILLAT-SAVARIN

Contribution La Griffe Lorraine

Rubrique Art.

L’art de la table, un mélange de goûts, d’élégance, de sociologie, de politique, de diplomatie et de lâches hypocrisies bien rances.

Recommandation de lecture :  ▲▲▲▲        

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲    

Facilité de lecture:▲▲▲▲▲

Rapport avec le rite ▲

Inutile de revenir sur Brillat-Savarin, pas le gâteau, ni le fromage, mais le personnage ! Cet ouvrage est une petite biographie plaisante à lire qui nous promène dans la vie du célèbre Sybarite (doctrine philosophique prônant la recherche du plaisir dans une juste proportion. Le dogme chrétien lui associe ultérieurement la luxure et l'indiscipline. Wikipédia®).

L’hédoniste bourgeois nous écœure avec son élégance crasse d’ancien militaire, homme politique, administrateur et professeur, bref un type qui a passé sa vie à donner des leçons au reste de l’humanité, l’ancêtre des émissions parigo-culinaires et gastro-bobos qui inondent le P.A.F.

Brillat-Savarin était un excellent écrivain, un homme d’esprit, sûrement un charmant convive, mais c’est Baudelaire qui avait sûrement raison en parlant du gastronome et de son ouvrage célébrissime « Physiologie du goût » :

« Dieu préserve ceux qu’il chérit des lectures inutiles. (…) C’est un bourgeois et cela jusque dans la pâtisserie qui porte son nom : « espèce de brioche insipide dont le moindre défaut est de servir de prétexte à une dégoisade de maximes niaisement pédantesques tirées du fameux chef-d’œuvre. (…) Ce n’est qu’un grand sot … où tout fini avec des truffes ».

Même si je ne partage pas l’avis gustatif de Baudelaire, je pense que le fond est dramatiquement véridique, Brillat-Savarin est passé au-dessus de toute son époque, en bourgeois, c’est-à-dire en homme de pouvoir, avec des finances confortables et ne se souciant que de sa propre personne.

Il a écrit sur la gastronomie comme il a écrit sur l’économie politique et les institutions judiciaires, c’est-à-dire avec une logique totalement subjective et hors-sol, j’en veux pour preuve la quasi-absence de recette de cuisine et le besoin absolu de moraliser, de caser, de trancher, de définir ce qu’est le « bon » goût.

S’il faut lire un texte sur la gastronomie, lisez plutôt Jim Harrison, sur le vin, et lisez plutôt Baudelaire.

L’auteur est prévenant, il ne prend pas parti, mais ouvre le lecteur aux différents avis concernant ce personnage, c’est pourquoi ce petit ouvrage exhaustif me paraît très intéressant.

 

 



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