LES DINGUES
Contribution La Griffe Lorraine
Rubrique Art
« David Haine cherchait à retirer de son vagabondage lucide la sérénité sans laquelle il lui eût été difficile de vivre... »
Recommandation de lecture ▲▲▲
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲
Facilité de lecture ▲▲▲▲▲
Rapport avec le rite ▲△△△
Pour être franc, je m’étais procuré ce roman attiré par sa couverture. Cette tête d’oiseau sec, puis cette longue échappée en arrière-plan, une photo prise par Gérard Rondeau qui lia une amitié profonde avec l’auteur et écrivit la préface des « dingues ». Un beau titre. Vivre sa vie en toute lucidité, sérénité et sans aucune ambition est la préoccupation de David Haine, le personnage principal. Ne croyez pas que ce soit de la nonchalance. Cela exige du courage et de la constance, surtout que de l’ambition tout le monde en a pour vous. Sollicitude empressée, invitations, coups de pouce… Alors que vous ne demandez rien. Pas seulement qu’on vous foute la paix, mais qu’on vous laisse vivre votre vie sans aucune compromission. L’affaire se complique quand étant passé par les petits boulots provinciaux (pas plus de six mois), vous êtes proposé, par charité, à un poste de chroniqueur dans un grand journal parisien.
Que fait donc un ancien plongeur (de restaurant) dans ce panier de crabes ?
Il observe… Et face à l’arrivisme destructeur, les blagues de mauvais gout, l’autoritarisme, les cajoleries et ragots, Gibeau, en écrivain qu’il est alors, règle ses comptes avec l’univers de la presse, dans les années soixante.
Sommes-nous comme l’auteur, la quarantaine, coincé entre deux âges, « celui des grandes espérances et l’autre qu’il faut bien appeler la réalité réaliste » ? Ce roman a quand même, très largement vieilli. La faute aux conditions de travail, améliorées, au respect accru de l’équipe rédactrice (je l’espère) etc. Les temps changent. Guibeau, dans la vraie vie, refilera sur les chemins boueux de Champagne, là où il est né. Il y arpentera en solitaire les champs de bataille du Chemin des Dames, où , il risque, ce vieux misanthrope, de ne pas en rencontrer beaucoup…