Contribution La Griffe Midi Pyrénées

Rubrique Art

Une catharsis pour parvenir à vivre.

Recommandation de lecture ▲▲▲

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲

Facilité de lecture ▲▲▲▲

Rapport avec le rite ▲

La tragédie de la décennie noire de l’Algérie ne peut s’effacer. Elle ressurgit à Toulouse spasmodiquement, le 4 mai 2023 dans les larmes de la poète algérienne Samira Negrouche évoquant l’assassinat de Tahar Djaout, au moment de recevoir ses lettres de maîtrise ès-jeux de l’Académie des jeux floraux de Toulouse. C’est aussi à Toulouse qu’est venu se réfugier mon ami le poète Abdelmajid Kaouah, journaliste et homme de radio.

C’est à Toulouse, au théâtre Sorano en janvier 2019 qu’a été donnée « Médéa Mountains » d’Alima Hamel, ce long poème autobiographique qui déroule le fil ténu d’une vie, celle d’une femme née à Nantes d’une famille algérienne de Médéa, avec cinq filles, qui voit ses sœurs livrées à la fatalité d’un destin décidé par le père dans la complicité incompréhensible de la mère : celui du retour définitif à Médéa en vue d’un mariage arrangé. C’est lors d’une résidence dans un théâtre toulousain qu’a été écrit ce texte sobre et magnifique qui hurle tout le traumatisme de ce choc de deux mentalités, la première, ouverte, des jeunes françaises promises aux études, l’autre, fermée sur sa tradition, de femmes amputées de leur vie, réduites à la domesticité de leur mari.

Qu’une mère abandonne ses filles à un sort aussi sordide épouvante la conscience d’Alima Hamel. Une de ses sœurs parvient à fuir le jour même du départ pour l’Algérie. Son courage lui épargne une vie recluse à Médéa et elle vit désormais en France près de sa sœur et de sa mère. Mais une des filles remises à Médéa est égorgée avec son mari par les islamistes en 1997.

Le long poème scénique « Médéa Mountains » immerge son lecteur dans la violence ritualisée des vies empêchées, dans l’acceptation suffocante de mœurs qui maintiennent la femme dans l’esclavage de l’homme.« Médéa Mountains » est une catharsis pour parvenir à vivre dans l’image d’une sœur innocente égorgée, mais constitue aussi un acte de conscience : celui de nommer par l’intensité de l’écriture le désastre de la résignation.    

 

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