LES FEUILLES MORTES.
Contribution La Griffe Lorraine
Rubrique Art
FILM (grand prix du jury Cannes 2023)
Recommandation de lecture ▲▲▲▲▲
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲▲
Facilité de lecture ▲▲▲▲▲
Rapport avec le rite ▲▲
C’est l’histoire de deux solitudes que le destin, une fois pour, une fois contre, chavire (lentement, le chavirage). Bref, il ne se passe rien, ou si peu dans cet Helsinki portuaire et de supermarchés miteux. Rien de démonstratif s’entend, rien de pré-maché ou de sur-expliqué. Au contraire, le sentiment, comme un bon thé chaud scandinave se diffuse… Enfin le thé, plutôt la picole le concernant, pour oublier la vie pas facile, précaire et qui ne vous laisse, le soir venu, que le karaoké et les shoots d’aquavit alignés sur le formica.
Peu de dialogues, rien d’ébouriffant, toujours une distance préservée… Les films de Kaurismäki sont, oui, respectueux, non seulement des sentiments, mais du temps nécessaire à leur venue. On ne s’embrasse pas, on se serre la main puis on quitte les lieux qui restent, alors, vides, mais toujours filmés. Cette temporalité prolongée donne de l’épaisseur et de consommateur d’ordinaire nous devenons alors complices, passeurs. Et plein d’empathie que ce qui se passe pour elle le soit pour lui et vice versa.
Et pourtant rien n’a d’importance, le chantier de la vie continue et le transistor égrène, impassible, les nouvelles.
Il n’y a pas de faux-fuyant dans le monde du réalisateur. Les mots comme les silences ont leur poids et ce qui est dit est vrai et cru. Pas de défiance, mais une grande franchise.
Filez, toutes affaires cessantes voir « Les feuilles mortes ». La bande son est formidable (cette bonne guitare électrique des années soixante), l’architecture toujours présente, les clins d’œil au cinéma nombreux…
Malgré le temps frais, vous en ressortirez reverdis.