JEAN RUSTIN
Contribution La Griffe Lorraine
Rubrique Art
« En tentant de réconcilier les hommes avec leur part d’ombre, c’est un peu de l’homme que vous avez sauvé... »
Recommandation de lecture ▲▲▲▲▲
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲▲
Facilité de lecture ▲▲▲▲▲
Rapport avec le rite ▲△△△
Deux petits catalogues, prétexte à vous recommander l’exposition à la galerie Lillebonne à Nancy jusqu’au 20 juillet 2023, d’un peintre magnifique : Jean Rustin.
En 1971, le peintre Jean Rustin (1928-2013) fut l’objet d’une rétrospective au musée d’art moderne de la ville de Paris. 150 toiles abstraites…ce n’est pas rien. Une consécration qui se transforma pour lui en désolation : N’y avait-il pas quelque part, autre chose à dire par la peinture ? Retournement alors total, lucidité et don de soi.
« Si tu peux voir en un jour détruire l’ouvrage de ta vie » (*) oui, et te remettre à peindre, revenant à la figuration, sans poser de questions, donc sans attendre de réponses.
Simplement en nous mettant en rapport avec ce que nous sommes. En prenant prétexte de l’hôpital psychiatrique où exerça Elsa son épouse ? Peut-être, car ce monde est à l’image du nôtre, hors de la morale et du savoir, hors du temps (acuité des regards fixes) et du lieu (un monde clos). Avec douceur et fermeté, Rustin nous renvoie à ce que notre nature profonde a appris à masquer, ignorer, puis oublier : la précarité de ce que nous sommes.
J’entends d’ici les cris d’orfraies ? Nous… Nus, perdus, solitaires, les jambes écartées ? Nous…fragiles, innocents, bref mortels ?
Émergeant de cette fragilité, le personnage (pas un dessin ou toile sans présence humaine) est donc le plus important ? Non, nous dit Rustin, « le plus important est la lumière. Quand tu as la bonne lumière, tu peux tout te permettre. » La peinture de Rustin est un au-delà de la peinture car elle ne raconte rien. Elle acte et pour ceux qui auront le courage et la lucidité d’y être sensibles, elle marque.
Peindre au fer rouge avec tant de tendresse … pour cela, merci. « Cher Jean Rustin, vous n’avez pas rendu le monde meilleur - qui pourrait y prétendre ? Mais par la grâce de votre regard et de votre art, vous avez rendu visible ce qui n’appartenait qu’aux ténèbres.
En tentant de réconcilier les hommes avec leur part d’ombre, c’est un peu de l’homme que vous avez sauvé. Quelques-uns vous en sauront gré, beaucoup vous le reprocheront toujours » Claude Roffat.