ET POURTANT, ET POURTANT

Contribution La Griffe Île de France

Rubrique Art

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲▲

Facilité de lecture ▲▲▲▲△

Rapport avec le rite ▲▲▲△△

Décidément, les éditions Moundarren sortent régulièrement de l'oubli de petits trésors de la philosophie spiritualiste chinoise et japonaise avec, en prime, le texte inclus dans la langue d'origine ! Avec Issa, nous sommes au cœur du Haïku. Surprenant personnage né en 1763 à Kashiwabara, minuscule village non loin d'Edo, l'actuelle Tokyo, la capitale. Milieu pauvre et dur ou Issa cherche en lui et dans la nature environnante une porte de sortie que sera la poésie, bien que n'étant pas issu de milieux lettrés. Il va devenir moine, avec son bâton de pèlerin, ses sandales de paille et son « kasa », un large chapeau de bambou pour s'abriter de la neige, de la pluie et du soleil. Avec, en toile de fond, la permanence de se découvrir chaque matin en vie, au sein d'un éternel voyage :

« D'être encore en vie

m'étonne tant

à l'ombre des fleurs »

Et, en même temps, de découvrir avec le monde environnant, la familiarité du Tout :

« L'ombre d'un arbre

avec un papillon je partage

lien d'une vie antérieure ? »

Issa, avec génie, su renouveler le genre Haïku en revenant à l'essentiel, à savoir l'expression du merveilleux dans l'ordinaire, du sacré dans le profane. Il fait du Haïku la traduction d'une authentique expérience poétique manifestant l'éternité de l'instant présent. Ce qui fait de cette expérience là une ressemblance à l'éveil bouddhique, notamment dans la version de la « Terre Pure » qu'affectionnait particulièrement Issa. Mais, c'est aussi d'inclure dans la transcendance le réel le plus banal en lui donnant une dimension à la fois cosmique et humoristique :

« Le gros matou

dissimule sa pisse dans la neige

sous le prunier en fleurs »

Pour tenir une promesse faite à son père, il quittera le statut de moine errant et se mariera à trois reprises où, poursuivit par le destin, il perdra épouses et enfants, tout en poursuivant sa passion de l'écriture jusqu'à la fin de sa vie :

« Á ma mort

sois le gardien de ma tombe

ô grillon »

Une envie nous prend : suivre Issa sur le chemin du pèlerinage vers l'absolu de la vacuité.

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