ASTERIX OU LA PARODIE DES IDENTITES
Contribution La Griffe Lorraine
Rubrique Art
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲△△△
Facilité de lecture ▲▲▲▲▲
Rapport avec le rite ▲△△△△
Il existe plusieurs manières de lire une BD. Soit en se divertissant, sans se casser la tête, histoire de passer un bon moment. On peut aussi une BD d'un regard critique, façon intellectuelle des bobos, soit tout simplement en s'arrêtant de temps à autre sur une vignette, un phylactère, et jouir d'une astuce, d'une moquerie sous-jacente, ou d'un télescopage des temps.
On peut, dans ce dernier mode de lecture, découvrir bien plus que ce que les images racontent. Avec Astérix, on est gâté. Nicolas Rouvière ne s'y est pas trompé et nous invite à une relecture des albums, en pointant du doigt, là où Goscinny et Uderzo nous font rire, en utilisant un procédé vieux comme le monde, la parodie.
Mais Nicolas Rouvière fait bien plus, il analyse ce vis comica, en démonte les ressorts, dont le principal, le chauvinisme bon enfant, et les travers des personnages, qu'ils soient Gaulois, Romains, Ibères, Germains, et même Indiens d'Amérique. César le victorieux est raillé par des héros bedonnants, irascibles, fiers de leur village pourtant encerclé. Les modes, les tendances, la société, tout passe à la moulinette salvatrice du rire. Les Britanniques et leurs manies, leurs tics de langage, leurs coutumes, les romains craintifs mais tirés à quatre épingles etc. etc.
Les Gaulois ne sont pas épargnés, et d'une façon générale c'est toute l'humanité qui finit par prêter à sourire. La grande leçon que nous délivre l'auteur, qui ne manque pas de présenter des vignettes illustrant ses propos, réside dans notre perception réduite de l'autre, faite de préjugés. L'homme fut il gaulois ou romain s'empêtre dans ses contradictions et idées toutes faites. Oui, ce livre est une introduction paradoxale à l'introspection, par les moyens du rire. Ce livre mérite donc un grand détour et tout fan d'Astérix se devrait de le lire.
Quant à moi je me suis replongé dans les aventures de ce petit teigneux, et de son compagnon obèse et pas bien futé. Et dire que ces deux gaulois finissent par triompher à la fin de chaque album !