LE PRINCE FOUDROYÉ

Contribution La Griffe Lorraine

Rubrique Art

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲△

Facilité de lecture ▲▲▲▲▲

Rapport avec le rite △△△△△

Pourquoi avoir choisi de lire cet essai ? Je voulais comprendre la psychologie de l’artiste. En effet, la personnalité de De Staël a été très contestée de son vivant. Monstre d’égoïsme, il a souvent été accusé d’avoir sacrifié sa famille à son art. Certains disent même que sa première femme est morte de privations alimentaires et d’un manque de soins alors qu’elle était malade. Staël figurera après sa mort comme l’un des grands de la peinture du 20ème siècle.

L’auteur choisit un fil chronologique pour nous inviter dans la vie de Staël.

Pourquoi une telle démesure et un tel détachement vis-à-vis de ses proches ?

Une première explication se trouve peut-être dans les horreurs qu’il a vécues à l’âge de 4 à 5 ans lors de la révolution russe. L’angoisse de ses parents a dû le perturber psychologiquement à vie.

La famille émigre en Pologne et ses parents vont rapidement décéder. Lui et ses sœurs seront recueillis par une riche famille bruxelloise.

Après une jeunesse peu studieuse et un baccalauréat raté, il choisit la peinture et va beaucoup voyager en Europe et au Maroc. Nomade, désargenté, il se cherche artistiquement mais va trouver une compagne, elle-même peintre, avec laquelle il vivra dix ans dans le dénuement le plus complet.

C’est une force de la nature, élégant, parfois brutal, comme va le devenir sa peinture. Nicolas de Staël a du magnétisme, est entier, exalté, emporté même et ne fait aucune concession avec lui-même et les autres.

Ce livre nous fait comprendre les souffrances créatives de Staël et sa conception de l’art abstrait. L’auteur nous rapporte des propos d’amis et de contemporains de l’artiste qui permettent de mieux comprendre le personnage et ses choix.

Il se lance réellement dans l’abstraction durant la guerre. C’est une peinture sombre, tourmentée et triste à l’image de sa vie, dominée par les couleurs noire, ocre et marron. Sa compagne meurt en 1946 et il se remarie et aura trois enfants. Progressivement, les couleurs deviennent vives et le style dépouillé.

La célébrité n’arrive qu’en 1952. Il se suicide en mars 1955. Les causes de cet acte restent obscures, peur du succès, crise affective et solitude, sentiment d’impuissance ?

Ce livre est très bien écrit et délivre une documentation impressionnante, les 80 dernières pages de l’ouvrages sont des références de correspondances, d’œuvres et d’informations sur les amis et les relations de Staël.