L’art de la sieste et de la quiétude
Contribution La Griffe Île de France
Rubrique Art.
Anthologie de la poésie chinoise sur le thème de la quiétude.
Recommandation de lecture : ▲▲▲▲▲
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲▲
Facilité de lecture:▲▲▲▲▲
Rapport avec le rite ▲▲
Je sens qu'un certain nombre de problèmes pourraient me tomber sur le dos : en effet, comment parler avec bonheur de la sieste et de la quiétude dans un groupe humain qui, symboliquement, dans ses rituels n'hésite pas à proclamer : « Gloire au travail » !
Tant pis, je persiste… D'abord, nulle critique ni condamnations vulgaires ne s'imposent puisqu'en Chine la sieste est un art ! Laissons courir notre imagination : imaginons-nous sous la douce brise de l'été, mollement allongés et célébrant par là-même le non-agir taoïste, le « Wou Wei », le détachement, la joie de vivre et de communier avec la nature. Des réjouissances qui s'accompagnent assez souvent d'une coupe de vin, seul ou avec des amis qui partagent notre philosophie de l'existence. Ces poésies sont les compagnes idéales pour les longs après-midis sous les pins ou les douces nuits embaumées de tous les parfums de la nature. La sieste n'est ni une dérive, ni un acte délinquant immoral. Juste une parenthèse dans le courant de la vie, non pas en regagnant la rive ou un bras mort, simplement en faisant la planche ! L'impeccable équilibre Yin-Yang universel nous conseille : ne rien faire de spécial surtout, juste contempler et jouir de la quiétude. Ah ! Oui...rappelons-nous que même en occident, continent de l'action par excellence, nous eûmes un très large courant de l’Église catholique qui nous proposa, sous la direction de Fénelon et de Madame Guyon, la « bonne nouvelle » du Quiétisme, c'est-à-dire de rester cool, y compris en matière religieuse. Malheureusement, ils perdirent le combat ! Finalement, je pousserai même l'audace jusqu'à considérer la sieste comme une métaphysique. Nous lisons sous la plume du maître Ch'an Yuan-Wu (1063-1135) : « Faites juste en sorte d'être intérieurement vacant et en harmonie avec l'extérieur. Alors, vous serez en paix au beau milieu de l'activité frénétique du monde ». Je sens d'ailleurs que mes yeux commencent à se fermer et que je baille…Çà y est je suis entre parenthèse !