Contribution La Griffe Midi Pyrénées

Rubrique Art.

La poésie nous prémunit du mensonge mais le poème ne perd rien de son mystère et tient en échec la raison.

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Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲    

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Rapport avec le rite ▲▲  

 Auteur d’une œuvre poétique forte d’une vingtaine d’ouvrages, ex-directeur du Printemps des poètes, Jean-Pierre Siméon dirige actuellement la collection poésie aux éditions Gallimard et vient de recevoir le Grand Prix de Poésie de l’Académie Française. C’est dire s’il incarne la figure du poète français. Avec cet essai incisif, Il a signé une haute contribution à la série « Petit éloge de... ». En réalité, Jean-Pierre Siméon, avec la fougue littéraire qui l’anime, nous livre un « grand » éloge de la poésie. C’est ainsi que je l’ai perçu et j’adhère à ses thèses avec enthousiasme…Le poème, même s’il est fatalement l’expression d’une pensée, est de prime abord, ressenti. Mais l’émotion n’est rien sans l’esprit. Nous sommes bien loin de l’éloge du charmant, de l’ornemental, de la prouesse de forme qui enjoliveraient notre existence. La poésie n’est pas un divertissement ni un raffinement. Il est temps de tordre le cou aux idées reçues calamiteuses sur les poètes, perçus comme des êtres éthérés englués dans leurs rêves au mépris de toute réalité́. Au contraire, le poète est dans ce combat « corps à corps avec le sensible » pour, précisément, faire corps avec le réel. Car c’est la langue, la parole poétique, qui fait surgir le réel et efface les trompeuses apparences. Si, bien entendu, la poésie ne récuse pas le beau, elle va à la rencontre d’un « mouvement de conscience qui est élan vers le feu perdu de la vie ». Cet élan, celui du voyant de Rimbaud, précipite le lecteur de poème dans la gravité. Celle-ci exige un temps de latence, ce temps d’arrêt si contraire à notre société façonnée par l’obsession du résultat. S’évadant de cette injonction, la poésie est le lieu d’une liberté sans limites. La poésie qui cherche un « ailleurs » dans la parole et n’est jamais ce que l’on croit, est en perpétuelle métamorphose. La poésie est révolutionnaire par nature. La parole poétique nous détourne de la monosémie - la langue uniforme prônée par les médias et d’une façon générale par toutes les forces du pouvoir - pour la polysémie, langue où les mots ont une multiplicité́ de sens. La poésie est donc le retour à la vie de la langue, elle est même la seule langue vivante, insiste Jean-Pierre Siméon. La poésie nous prémunit du mensonge mais le poème ne perd rien de son mystère et tient en échec la raison.

 

 

 

 

 

 

 

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