DE CEZANNE A DUBUFFET
Contribution La Griffe Lorraine
Rubrique Art
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲△
Facilité de lecture ▲▲▲▲▲
Rapport avec le rite ▲▲△△△
Pour beaucoup, l’art en images est inutile.
Les bouquins sur la peinture, ça va encore, mais les catalogues d’exposition ç’est une vraie plaie. S’y appliquent les trois « D » : Dithyrambiques Diafoireux, Désastreux. Excepté cette pépite que je vous recommande, celui de la collection Jean Planque. C’est suisse, simple et sophistiqué : Les trois S.
Jean Planque, sans fortune mais non sans culture, est entré en peinture comme on entre en religion, en lui sacrifiant tout. Ce n’est donc pas un marchand.
« Peut-on faire commerce de ce que l’on aime et passer son temps à la poursuite de ce qui est incompréhensible au reste des hommes ? » « Toute acquisition en même temps qu’elle enrichit l’homme renforce étape par étape la collection. »
Si ce n’est pas se bâtir, ça, je veux bien passer le reste de mon temps à peindre des vaches au pré. Revenons à nos moutons.
Planque est un passeur, ne séparant pas sa collection des circonstances de sa constitution. Émotion devant les toiles, amitié avec les peintres et surtout échanges sans flatteries ni intellectualisme, qui lui vaudront quelques toiles offertes ou dédiées en souvenir de ces moments vrais.
Le catalogue privilégie cette relation personnelle entre le peintre et celui qui regarde ou plutôt qui aime, car la peinture c’est une histoire d’amour partagé, histoire violente, sincère, vivante, aux liens mystérieux.
Les entretiens écrits et les échanges avec d’autres collectionneurs et passionnés servent de trame au catalogue, complété, au vu de l’exceptionnelle cohérence des œuvres par de courtes interventions de conservateurs et historiens d’art :
Le cubisme dans la collection, Planque en ami des musées, Planque et la galerie Beyeler (dont il fut le conseil et l’ami… pardon, l’ami et le conseil) l’équation Picasso- Dubuffet, Planque et l’art des années cinquante, etc.
La collection de tableaux ne fut pas dispersée mais protégée au sein d’une Fondation. Elle constitue un témoignage de l’art, ici moderne, mais aussi et surtout un au-delà pour que, selon le souhait de son auteur, « notre joie demeure ».
Les œuvres sont visibles au musée Granet à Aix.