Contribution La Griffe Île de France

Rubrique Bd/Polars

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲△

Facilité de lecture ▲▲▲▲△

Rapport avec le rite ▲▲▲△△

Nous savions bien que la Seine St. Denis n'a rien d'une représentation du paradis avant la chute, ni que Bobigny fut Byzance dans ses heures de gloire, mais là Olivier Norek met le paquet et fait comme s'il nous commentait un tableau de l'enfer par Jérôme Bosch ! Ses personnages de policiers en rajoutent d'ailleurs concernant leur département. Quelques citations en donnent le ton :
« C'est pas Hollywood, ici, c'est la Seine-Saint-Denis »,
« Longer les couloirs d'une PJ, c'est faire face à ce que l'homme recèle de pire en lui », « Le 93 a toujours été un coupe-gorge, pour quelles raisons voudrait-on le faire passer pour un village de vacances ».

Toutes les raisons de faire un détour quand on approche de cette charmante région ! Le problème est qu'Olivier Norek ne se borne pas à un travail de romancier, mais qu'il connaît les arcanes de la violence : il est capitaine de la police judiciaire dans la Seine-Saint-Denis et « Code 93 » fut son premier ouvrage qui, tant par son style que par son sujet, souleva un immense enthousiasme. À partir de ce livre, il va créer le personnage du capitaine Victor Coste et de son équipe que l'on peut supposer être le double de l'auteur qui utilise son propre vécu professionnel, ce qui laisse chez le lecteur une impression de réalité qui parfois va jusqu'au malaise.
Il table sur une piste, après une série de crimes, qui le conduit à dénoncer les connivences entre le banditisme et la délinquance locale, le crime ne connaissant pas de barrières sociologiques. Le talent de l'auteur qui nous fait si bien partager l'horreur de certaines situations repose aussi sur le réveil de ce que nous mettions tant de précautions à éliminer de notre conscient : les capacités insondables au mal de l'homme. Ce qui, brutalement, nous fait quitter, en lisant, un roman dans le 93, pour constater que l'imaginaire peut parfaitement faire parallèle dans le réel.

Tiens par exemple, la propension au mal que nous pouvons parfois porter en nous, quand nous jouons le mauvais Compagnon qui tue Hiram ! Un excellent polar à lire en respectant la dose prescrite, pour ne pas courir des désagréments d'effets secondaires !

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Rien n’est simple 1962