Enquête dans le brouillard
Contribution La Griffe Île de France
Rubrique BD
Un roman policier par la plus britannique des américaines !
Recommandation de lecture: ▲▲▲▲
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲
Facilité de lecture ▲▲▲▲
Rapport avec le rite ▲
Le malheur c'est qu'on y prend goût, alors que l'on n’est pas dupe des ficelles employées. Nous savons d'avance que l'intrigue va être à la limite du supportable avec son flot d'hémoglobine et une certaine complaisance aux atmosphères sordides. Là, nous sommes servis ! Elisabeth Georges cultive avec plaisir le cadre d'une Angleterre, telle que nous la rêvons, avec sa campagne verdoyante, ses cabines téléphoniques rouges, ses pubs, les cottages coquets où, pour agrémenter les bavardages autour du tea-time traditionnel, se concoctent quelques crimes bien prémédités. Elle eut aussi l'instinct de faire tourner ses romans autour de deux personnages contradictoires : le sergent Barbara Havers, laide et revêche et bien décidée à le rester. Elle ne vit que pour son travail, mais supporte d'une façon épouvantable de faire équipe avec l'inspecteur Linley, pur produit de l'aristocratie britannique, ancien d'Eton et qui, de surcroît, prétend travailler à Scotland Yard pour se rendre utile à la société. Les deux héros restent cependant humains au-delà de ce qui pourrait être une caricature : tous les deux sont aussi prisonniers de leur propres problèmes sentimentaux et familiaux qu'ils arrivent à dépasser par l'action même, peut-être comme une fuite en avant. Et là, pas trop le temps de se regarder le nombril : dans un paisible village du Yorkshire, on a trouvé le corps sans tête d'un paroissien modèle. À côté du cadavre une hache et, près de la hache une grosse fille, la sienne, qui gémit et dit : « C'est moi qui ai fait ça et je ne le regrette pas ». Les deux policiers ne croient pas à sa culpabilité et l'enquête va débuter pour se terminer dans l'épouvante et la nausée. Ce qui amènera même, le cynique inspecteur Linley par penser que seule la prière est un refuge pour surmonter l'horreur : « Il ne s'était jamais considéré comme un homme de prière, mais assis dans la voiture, au milieu de l'obscurité, il comprit ce que le mot « prier » voulait dire. C'était que le mal se transforme en bien, le désespoir en espérance, que la mort devienne vie. C'est vouloir que les rêves existent et que les spectres deviennent réalité. C'est vouloir que finisse l'angoisse, vouloir que commence la joie » Oh my God !