BRANCUSI CONTRE ETATS-UNIS

Contribution La Griffe Lorraine

Rubrique BD

« Les idées qui changent le monde viennent sur des pattes de colombe... » Nietzsche

Recommandation de lecture: ▲▲▲▲▲

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲

Facilité de lecture ▲▲▲▲▲

Rapport avec le rite ▲

Ok, mais de quel monde s’agit-il ? Ici, en l’occurrence celui des douanes américaines qui, en 1927, taxent « l’oiseau » de Brancusi acquis par la galerie Brummer N.Y. Cette sculpture est longiligne, verticale, marbre et bronze polis. C‘est une sculpture suggérant le sentiment d’envol et établissant une relation à l’espace, jouant de la résistance de l’air. Elle ne ressemble pas à un oiseau. Ses formes évoquent l’esprit de l’oiseau, c’est la qualité de l’envol qui est exprimée accordant davantage d’attention à l’œuvre qu’au titre. (Ce qui est l’inverse de l’art contemporain). On ne peut sculpter en regardant par terre. Tout cela est très joli mais n’attendrit pas le gabelou yankee qui, en vertu du Tariff Act de 1922, taxe l’objet importé à 40 % de sa valeur, arguant qu’il s’agit d’un produit industriel au même titre qu’une hélice d’avion ou une locomotive. Il faut reconnaitre que l’industrie produit des objets d’une rare beauté. Que différencie alors l’artiste, l’ingénieur ou l’artisan ? La conscience ou l’inconscience mais de qui ? Et puis pourquoi opposer art et industrie ? Soit ! un ouvrier n’imagine pas l’œuvre comme le fait un artiste. Une barre de laiton polie pourrait très bien être une œuvre d’art et procurer du plaisir (ou une réflexion), qu’un artiste ou un ouvrier en soit l’auteur… Je pense à l’art brut, ou l’art des fous, ou à César (qui faisait les ferrailles). Les douanes américaines veulent que « l’oiseau » de Brancusi ressemble à un vrai oiseau. Un oiseau a cette forme parce qu’il s’envole, pas parce qu’il s’appelle « oiseau ». On se fiche que l’œuvre soit un oiseau ou pas ! Quoique visiblement ce n’est pas un tigre, un poisson, alors ? Oui… Peut-être. « La valeur réaliste d’une œuvre est parfaitement indépendante de toute qualité imitative. Les premiers peintres ont commencé par peindre le ciel, les nuages, les arbres, puis les maisons, les routes, les voitures, les machines… Pourquoi voudrait on crier halte là ? » Fernand Léger. Soyons reconnaissant à la barbe blanche de Brancusi pour avoir rompu avec toutes les idées établies. Son œuvre nous ouvre les portes d’une grande liberté.

Alors, résultat ? Vous le saurez en lisant cette BD intelligente, au dessin sobre, laissant beaucoup de place au blanc, c’est-à-dire au sentiment.

« C’est la joie pure qu’il faut chercher »

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