Contribution La Griffe Lorraine

Rubrique BD/Polars

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲▲

Facilité de lecture ▲▲▲▲▲

Rapport avec le rite ▲▲△△△

C’est l’histoire dessinée…non plusieurs histoires, déroulées depuis les temps les plus reculées (moins 100 000, moins 3000, puis 1000, et enfin 1917), mais bon, en fait, une seule et même histoire de fond, celle de la cohabitation commune et sauvage des animaux (ici l’ours) et de l’homme. Éternelle question.

Le massif du Vercors cadre une nature puissante où la sauvagerie est ici humaine et où, dans cette neige profonde et le silence limpide des altitudes, s’opère l’échange.

Ici prend corps la métaphore. Elle consiste à redonner un visage à une gueule cassée de la grande guerre en échange d’une reconstruction au sein de la nature.

Cette reconstruction, qui est aussi une renaissance, a sa part de découverte et exige un équilibre et une démesure. Elle passe ici par l’art, celui de la sculptrice, auteure du masque de ce soldat, lui conférant de nouveau la beauté, semblable à celle d’un dieu grec.

Par l’art …et par la mémoire immémoriale de l’ours dont « la dernière reine » fût tuée en 1898 dans le massif. Cette bête énorme, puissante, file d’Ariane le récit et se révèle plus humaine, disons plus sage, car en harmonie avec son milieu. Milieu grignoté où à la réduction du territoire s’ajoute malheureusement celle des valeurs, augmentée d’imbéciles contraintes et minorée de la liberté de respirer.

Répression pour finalement une soumission volontairement refusée, donc d’un effacement de ce monde. Ce n’est pas l’homme différent et libre qu’il faut guillotiner mais la bien-pensance fille de la pensée unique.

Récit intelligent aux multiples entrées, graphisme tout en force retenue, couleurs à minima (les bleus et les blancs). Bref, une BD qui ouvre à la réflexion, loin de se tourner vers une époque révolue, mais posant la question d’un pressant avenir.

La lecture nous laisse libre, jalonnant quelques pistes : L’amour et la beauté nécessaires et ce, tous horizons confondus, la vertu de patience et d’écoute conduisant au respect du milieu quel qu’il soit, ce qui n’empêche pas la ténacité à ses idées et la saine confrontation.

Je vous laisse découvrir la dernière page, bouclant la première. Cette fin commune à l’animal et à l’homme, ç’est peut être mieux ainsi…

PS : Rochette vient de sortir, comme l’ours le fait de son hibernation, le récit de ses six mois d’hiver, en autarcie, dans les Ecrins. : Une prochaine Griffe… d’ours bien entendu.

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