Contribution La Griffe Lorraine

Rubrique Bd / Polars

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲△△

Facilité de lecture ▲▲▲▲△

Rapport avec le rite ▲▲△△△

Décédé en 2010, Jacques Martin est sans aucun doute l'auteur le plus prolifique de la bande dessinée avec ses séries bien connues dont Alix et Lefranc. Tout au long des albums consacrés aux aventures journalistiques du héros Lefranc, on peut suivre l'évolution du personnage et surtout des scénari où le fantastique s'efface au profit de sujets historiques romancés.

Avec le Principe d'Heinsenberg, paru en 2017, de la plume d'Alvès et Corteggiani, Lefranc nous fait entrer dans un monde mystérieux inquiétant. Pour les auteurs, les apparences sont trompeuses, et la vérité souvent « bricolée » pour des motifs qui nous dépassent. On découvre dès les premières pages l'histoire d'un fait divers criminel cachant une affaire de barbouses, inspirée, entre autres, de l'affaire Dominici et de ses relents d'espionnage et de raison d'Etat. Au centre de l'énigme, un minéral, la monzanite, un minerai composé de thorium. Et la clef de l'affaire, l'engagement de la France dans l'énergie nucléaire avec en arrière plane l'abandon d'une filière, pour se tourner vers l'uranium. Ils tentent de mettre en lumière les maquillages de l'affaire criminelle, et le peu de compassion vis à vis de quelques savants, la fabrication de fausses preuves, jusqu'à l'arrestation d'un innocent, le dessaisissement de l'enquête au profit de parisiens, l'élimination physique de témoins, la pression exercée sur la police locale, celle de saint Geniez d'Olt, à quelques encâblures de Nasbinal. Un cadre enchanteur pour une histoire tragique.

Mais à faire trop roman noir, les auteurs forcent le trait, se satisfaisant d'une histoire linéaire truffée de clichés. Le lecteur se lasse, à juste titre, d'un récit quasi nocturne, voulant imiter les films noirs.

Que retenir de cette BD ? Que si le sujet traité est passionnant, la passion n'est pas présente dans le synopsis. L'incertitude règne tant que la lumière n'est pas apparue, et le maintien dans l'ombre sert à dissimuler des faits peu glorieux. Tout le monde finira par se taire, les journalistes y compris.

Où trouver la force et le courage quand la raison d'Etat s'en mêle ? Faut-il accepter l'inacceptable ? Un constat d'échec, achève l'intrigue. Le réalisme semble l'emporter sur les forces spirituelles, la morale n'est plus à l'ordre du jour républicain ?

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