ULYSSE - LES CHANTS DU RETOUR

ULYSSE LES CHANTS DU RETOUR JEAN HARAMBAT- COUV.jpg

Contribution La Griffe Lorraine

Rubrique Bd / Polars

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲▲

Facilité de lecture ▲▲▲▲▲

Rapport avec le rite ▲▲△△△

« Si la peau du lion ne suffit pas, il faut y coudre celle du renard ».

Cette citation de Plutarque placée en exergue, pourrait très schématiquement réunir l’Iliade (la force) et l’Odyssée (la ruse). Mais aussi la toute fin de l’histoire.
Posons notre pied, avec Ulysse, sur la plage d’Ithaque. Elle est plongée dans la brume… C’est le retour du mendiant-roi après dix ans d’errance. Vieilli par Athéna, il est lui-même, tout en étant un autre.

Le dessin est clair, à la répartition libre, discrètement coloré, laissant beaucoup de respiration (donc d’appropriation). Il sert le texte qui est une merveille. Reprenant la traduction de Victor Bérard pour certains passages, y ajoutant le déroulé soigné du récit, il est toujours respectueux du souffle et de la poésie du mythe.
Ici pas d’outrance mais une connivence, contrepied intelligent aux bd-péplum.
Élevant le niveau avec humour, l’auteur invite les grands hellénistes d’aujourd’hui, y ajoute des écrivains, un archéologue-architecte, un bibliothécaire (celui de l’ile), un cinéaste et d’autres … Et ainsi les mêle, dans de petits apartés très vivants et pas du tout incongrus, au récit.
Bref, nous sommes entre amoureux passionnés, ravis de ces allers-retours instructifs.

(Savez-vous comment était formé l’arc d’Ulysse : une grande branche. Courbée ? Pas du tout ! Et entre le capitaine Haddock et notre héros, des similitudes ? Le retour perpétuel à Moulinsart peut être ? Tordant !)

Cette épopée, fondement de notre pensée, se termine au chant XXIV.
La concorde est revenue ; Ulysse au lendemain du massacre des prétendants et de sa nuit avec Penelope (Athéna, bienveillante, « ayant retardé le char de l’aurore ») se rend au domaine de son père Laêrte. Il le trouve plantant des arbres et se fait reconnaitre de lui : « J’eu ces treize poiriers dont tu me fis don »… Identité, reconquête, transmission, l’ordre règne de nouveau.

Bien sûr, Ulysse, Penelope, Télémaque, nous aussi nous mourront, comme Argos, le chien du Maitre, mais « l’Odyssée reste car nous sommes fidèlement engagés dans cette communauté ».

A chacun son Ithaque.

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