CONGO 1905 LE RAPPORT BRAZZA

Contribution La Griffe Lorraine

Rubrique BD

« … et parce que nous ne devons laisser aucun doute sur l’excellence de la gestion française au Congo, je demande au Parlement de voter sans délai la création d’une mission d’enquête. »

Recommandation de lecture :   ▲▲▲▲▲          

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲▲  

Facilité de lecture ▲▲▲▲▲ 

Rapport avec le rite ▲ 

 Des dix exemplaires du rapport gouvernemental » Brazza », en 1907, il n’en resta qu’un.

Mais qu’est-ce que le rapport « Brazza », ou plus exactement la mise en forme des notes de Pierre Savorgnan de Brazza par le ministère des Colonies Françaises qui avait envoyé le célèbre explorateur enquêter sur des exactions en Afrique Centrale ? Cette bande dessinée glaçante traite (c’est le mot) du premier scandale de la Centrafrique en 1905 et relate les enquêtes de Brazza sur le terrain. Les illustrations sont suivies d’un complément historique très intéressant sur ce rapport, son occultation, puis sa redécouverte en 1960, ainsi que toutes les notes préparatoires de l’équipe de Brazza. Pour faire court, l’acte de Berlin, en février 1895 partage l’Afrique centrale. A nous le bassin conventionnel du Congo sous réserve d’une mission civilisatrice (nos valeurs), respectueuse des indigènes. Ça n’a pas duré longtemps : La région est mise en coupe réglée d’une quarantaine de compagnies concessionnaires privées (bois, mines et surtout caoutchouc). En 1905, sous le commissariat général, sur place, d’Émile Gentil (sic), remontent à Paris, attisés par les anglais, la presse et les députés de gauche, des relents d’exaction.

Pour calmer les esprits et par coup politique, le gouvernement de Loubet nomme une mission d’enquête confiée à Savorgnan de Brazza, explorateur connu, humaniste et administrateur intègre ayant précédé Gentil. Il ne mit pas longtemps, sur place en avril 1905 malgré une obstruction constante, à découvrir l’horreur de ce qu’il faut appeler un esclavage de masse, n’ayant rien à envier à celui de son voisin Léopold. En septembre, de retour, Brazza, mourant, confie ses notes et la mise en forme du rapport au fidèle Charles Desruisseaux. Une commission ministérielle est chargée de la rédaction finale (à laquelle ne participèrent aucun membre de la mission).

Il en sortira un rapport qui même édulcoré, fut refusé par le gouvernement, qui l’enterra « au motif d’ordre international » en 1907. Signé par Millies-Lacroix ministre des colonies, réputé interdit, le rapport disparut ou fut détruit. La bonne conscience, les valeurs proclamées (bien sûr), l’intérêt supérieur de la France (toujours supérieur, l’intérêt) sont des leviers bien plus puissants que toutes les armées réunies.

La vraie réussite d’un récit historique est de le rendre contemporain et intemporel. C’est ici le cas…

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