El sueño de Dali
Contribution La Griffe Lorraine
Rubrique Polars
Comment et pourquoi le Génie parle à travers l’œuvre d’un grand peintre.
Recommandation de lecture : ▲▲▲▲▲
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲
Facilité de lecture ▲▲▲▲▲ (pour les hispanophones)
Rapport avec le rite ▲
La vie de Dali en bandes dessinées et en espagnol, c’est une vraie bonne idée. Le dessin est agréable et la biographie fidèle.
On part d’un songe fictif de Dali pendant son agonie, pour découvrir comment la vie et le destin ont façonné la personnalité borderline et féconde de Dali et ont engendré l’avènement d’un Grand de la peinture contemporaine. Un Grand d’Espagne et du monde.
Avec au cœur de cette gestation, la plongée ontologique au fond de la mort d’un frère irremplaçable qu’il doit remplacer, la tutelle et l’indifférence d’un père notaire et notable qui le rejette, la rencontre avec Gala, la femme-sœur-mère, muse déjà expérimentée et femme d’affaires redoutable. « Gala y las pesetas… » chante Ana Torroja pour Mecano dans sa très belle chanson sur Salvador Dali.
On y croise Buñuel en ami avisé, Éluard en poète cocu, Garcia Lorca en amoureux éconduit.
Et bien sûr le mouvement surréaliste qui donne un cadre ou un prétexte à ce talent visionnaire et inspiré, dont la manifestation foisonnante semble si fantasque qu’elle dissimule le travail acharné, la technicité maîtrisée et l’obsession de la perfection.
Ce livre m’a transporté vers de doux souvenirs.
Retour dans une Catalogne qui n‘était pas aux mains d’idéologues séparatistes, revanchards et haineux.
Retour à Cadaqués. Magica luz en Cadaqués chante Torroja.
Randonnée au cap de Creus un lendemain de Tramontane et lever de soleil sur Port Lligat. Quelques maisons de pêcheurs métamorphosées en centre du monde surréaliste et peuplée de bouquets de symboliques immortelles, de cygnes et de signes. On devine le chant du grillon, domestiqué et encagé dans la chambre à coucher du couple royal. Et quelques pinceaux épars semblent attendre patiemment que le maître les rassemble et leur redonne vie.
À Figueras enfin, au musée-théâtre qui fut la dernière résidence de notre marquis de Pubol, et qui demeure un lieu « habité », où les touristes achètent quelques montres molles pour tuer le temps et foulent, sans le savoir, la dalle grise et sans nom sous laquelle il repose.
L’humilité nue, dans un écrin flamboyant d’énergie créatrice, où le maître apparait plus radieux que jamais.