L’homme-joie

Contribution La Griffe Île de France

Rubrique Coups de coeur

Intérêt général de l’ouvrage: ▲▲▲▲▲

Recommandation de lecture: ▲▲▲▲▲

Facilité de lecture: ▲▲▲▲▲

Rapport avec le rite: ▲▲▲

Sortir du noir ! voilà bien une des missions majeures de l’esprit humain. Toute initiation commence dans le ténèbral : Introspecter nos univers infernaux pour en extraire cette pierre cachée qui illumine l’être et le rend radieux.

L’homme-joie de Bobin en fait sa quête à travers quinze récits entrecoupés de fulgurances poétiques manuscrites, à haute portée humaniste. Quinze portraits emblématiques, qui vont de son père, de Maria la gitane, de Soulages, de Matisse, de Glenn Gould, d’un laurier rose : le jour tombe, les fleurs entrent en lutte avec les ténèbre, à une lettre à la plus que vive, la femme aimée, disparue. Tout cela partant de ce bleu, à la douceur du velours et l’éclat d’une larme.

Personnellement, j’ai découvert cette couleur grâce à un immense monochrome de Klein investi par la lumière noire lors d’une FIAC des années 80. Depuis le bleu m’habite, m’habille, m’harmonise. Bleu, de sagesse, de pureté, bleu médian qui m’a fait écrire un jour on dirait que la mer et le ciel ne font qu’un.  L’eau, symbole de notre passage éphémère sur terre, le ciel, celui de l’éternité.

Associer l’homme à la joie est presque un oxymore, tant il est vrai que l’être humain actuel doit affronter une violence accrue multiforme. Alors que reste-t-il ? Peut-être, et ce livre le démontre, donner à notre âme ce juste équilibre qui constitue la sagesse, c’est à dire la science de la vie. Contempler la nature, saisir l’instant messager qui fera d’une apparence banale, un moment d’exception. Graver l’empreinte des êtres de rencontres prégnantes dans le marbre de notre reconnaissance. Chacun de nous a rencontré sa Maria, sans peut-être lui glisser une pièce, chacun de nous a fixé une toile dans sa mémoire, rapporter une musique à un fait marquant, offert une fleur à la femme ou à l’homme aimé, pleuré à la disparition d’un être cher. Ces joies et ses peines décrivent un parcours serpentin qui fonde notre expérience de la ténèbre à la lumière et nous inscrivent dans l’humain. Le cœur humain est beau comme un sismographe disait, André Breton.

Ce livre s’apparente à un tableau impressionniste, saisissant la lumière de l’instant par touches d’altérité successives, véritables leçons de vie. Peut-être que la profusion de figures de style, ennuage quelque peu la lecture ! sans doute un trop plein d’humanité.

 

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