BESTIAIRES DU MOYEN AGE

Contribution La Griffe Lorraine

Rubrique Coups de coeur.

 Une référence.

Intérêt général de l’ouvrage: ▲▲▲▲▲

Recommandation de lecture: ▲▲▲

Facilité de lecture: ▲▲▲▲▲

Rapport avec le rite: ▲▲

D'Aristote à Pline, d'Isidore de Séville à Solin, jusqu'au XIVe siècle, le monde animal fut regardé avec des yeux différents des nôtres. Si le Physiologus, reste l'archétype des bestiaires médiévaux, les auteurs de l'antiquité, furent assez loin de l'originalité et richesse des auteurs des bestiaires du Moyen Âge. En effet ces auteurs ajoutèrent des idées chrétiennes, comme celles des significations cachées. Pour ces hommes, comme Pierre de Beauvais, les animaux sont créatures de Dieu et portent dans leurs comportements des allégories de vices ou de vertus. Peu importe que les descriptions « zoologiques » des animaux soient très approximatives. Le lettré médiéval affirme que ce que l'on voit n'est pas l'essence même de toute choses.

Michel Pastoureau, historien des images et des symboles dresse un portrait magistral des manuscrits dits bestiaires en donnant les clefs de la pensée médiévale, clefs indispensables à la découverte des symboles et légendes attachés aux espèces animales. Ignorer en la matière le christianisme est une erreur. La période comprise entre le XIe et le XIVe siècle est celle du triomphe du christianisme. En reprenant les thèses allégoriques d'Origène, les clercs eurent une vision globale du monde vivant, de la plus haute élévation.

Certes les animaux légendaires foisonnent, mais ce ne sont que supports allégoriques. On prête aux animaux des traits de caractère humain. Lire ce livre de Pastoureau fut pour moi un régal d'intelligence au sens profond du mot, relier, établir des liens. Ce livre comporte en outre de nombreuses illustrations d'animaux. Celles-ci, tirées de diffèrent bestiaires, peuvent prêter à sourire, tout comme les affirmations fantaisistes à l'instar du cerf vivant mille ans. C'est commettre une erreur de vision. Le Cerf fut employé comme une allégorie du Christ, avec en arrière-plan, un concept millénariste. Toutes ces bestioles, sirènes, mantichore, dragons, cerfs, poissons, porcs, agneau, etc. se retrouvèrent dans les églises et cathédrales, sur des chapiteaux, en gargouilles, en piédestaux, voire au sommet des clochers tel le coq. L'âne se fait musicien, le renard voleur de raisins, l'écureuil devient lubrique, le corbeau messager (se référer à l'épisode de Noé). Pastoureau nous invite à porter un autre regard. Enfin, il termine par des annexes, comportant de petites biographies des principaux auteurs médiévaux, les sources et index copieux. De quoi réjouir les curieux de Nature. Seule ombre au tableau, les notes ne sont pas en bas de page, mais à la fin du livre. 

 

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