Il y a des choses que non
Contribution La Griffe Hypatie
Rubrique Coups de coeur
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲△△
Facilité de lecture ▲▲▲△△
Rapport avec le rite ▲▲△△△
Elle déboule avec fougue sur la scène des rencontres Ecossaises 2023, pose son sac à dos à terre tel le marin parvenu au port et commence par rectifier le titre du programme : « il s’agit du geste ARTISTIQUE » pour dire l’indicible. Rectification utile car le port d’attache de Claude Ber, celui qu’elle revendique c’est l’ART, patrie de toutes les rebellions, de toutes les consolations. A la sortie de sa conférence, j’ai choisi l’un de ses livres : « Il y a des choses que non ». Un titre énigmatique, un ouvrage court en sept parties mêlant poèmes en prose et narratif qui m’est apparu refléter au plus près la force de résistance et de persuasion de l’auteure. C’est à sa grand-mère Louise qu’elle emprunte le titre et une conduite pour la vie « Il y a des choses que non, tu ne sauras peut-être pas toujours à quoi dire oui mais sache à quoi dire non ». Une expression rugueuse, une façon de faire face au monde bravache et digne nourrie de ses racines familiales et de son terroir du col de la Cayolle aux gorges du Loup. Le livre est dédié à ses deux René : le poète René Char et René Issaurat, son père résistant dont elle reprend les derniers mots : « le pire peut naitre en tous, en chacun de nous, sois vigilante, veille bien, je te fais confiance ». Dans le chapitre « Je marche », elle écrit : « À ce déjeuner sur l’herbe d’une vie j’ai fait de poésie un plat de résistance ». Délectation des mots face à l’amer constat : « mon espèce est une espèce qui détruit sa propre espèce ». Parce que j’ai pu l’entendre, la voir avant de la lire j’ai constaté que son expression artistique trouvait autant de sources physiques que métaphysiques. Par sa gestuelle, ses mots, elle nous embarque entre hier et aujourd’hui, entre violence et tendresse, entre individu et Histoire, entre verbalisation savante et parler populaire, refusant furieusement les identités figées ou les figures de style attendues. Elle est libre, transgresse « L’entre-deux est ma résidence favorite » écrit-elle. Et plus loin :« Je marche dans l’alerte de l’amour et le difficile du temps ». Choisirons-nous de partager sa marche ?