LES YEUX DE L’OURSONNE

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Contribution La Griffe Midi-Pyrénées

Rubrique Coups de coeur

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲△△

Facilité de lecture ▲▲▲△△

Rapport avec le rite ▲△△△△

Pas un lieu de ce beau roman, que nous ne découvrions avec une émotion décuplée par la langue fluide, classique et sobrement lyrique du poète et romancier Michel Cosem.

Le récit est alerte, aéré par des récits dans le récit, le personnage principal, Marcelin, clerc de notaire à Luchon, compilant lui-même les récits d’ours dans les Pyrénées.

C’est une triple histoire d’amour.

Pour une grange rudimentaire aménagée dans un versant de montagne du côté de Luchon, la Maison de Poupée ; pour une femme qui va comprendre et admettre la passion de la solitude de pleine nature de son amant ; pour une ourse dont il ne peut prétendre que ce dernier amour soit partagé. Et pourtant...

Tout l’univers romanesque et poétique de Michel Cosem est condensé dans ce fier roman.

Un regard lucide, mais toujours pudique, pour les passions qui mènent le monde et Marcelin en particulier. Un regard aigu et aimant pour les lieux que les personnages, comme lui, traversent et qui s’inscrivent dans les mémoires en qualité de forts moments de vie. D’où la précision. L’exactitude dans la nomination. Le lecteur s’y reconnaît. Et s’il n’a jamais fréquenté ces lieux il les imagine sans effort.

Ce roman, au-delà du plaisir assuré de la lecture, nous interroge en filigrane. Avec une discrétion subtile qui oblige à la réflexion.

Pourquoi ce clerc de notaire, pourtant bien urbanisé, se lie d’une véritable dépendance à une grange en pleine forêt que le soleil n’atteint que parcimonieusement ?

Être immergé dans la solitude de la montagne, à l’affût de la visite d’une oursonne, ne répond-il pas à un besoin vital de communion avec le monde ? A une pratique de spiritualité dépouillée de tout conditionnement ?

Ces temps de séjour dans la Maison de Poupée, tels des pèlerinages, Marcelin ne les vit-il pas comme autant de trêves dans l’affrontement avec l’inéluctable trivialité prosaïque ?

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