LE VIEUX
Contribution La Griffe Midi-Pyrénées
Rubrique Coups de coeur
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲△
Facilité de lecture ▲▲▲△△
Rapport avec le rite ▲△△△△
L’avertissement " interdit aux moins de 60 ans " ne déparerait pas la première page de cet ouvrage !
« Le vieux » est l’histoire exemplaire d’un homme âgé, metteur en scène d’opéra retraité, qui, comme la majorité des vieux, n’a pas conscience de l’être… ou l’être autant. C’est le récit des circonstances d’une prise de conscience et des effets de cette dernière, bons et mauvais – tel un breuvage devenu amer – qui se construit sur trois rencontres du « vieux », autour du montage de « La Flûte ».
La troisième est celle d’une concierge bretonne un peu sorcière qui apporte à l’ambiance générale du livre une touche de magique, de symbolique aussi, ainsi que l’omniprésence de l’Ankou, le spectre – breton – de la mort.
La seconde est une re-rencontre, celle d’une jeune femme dont il a été le père de circonstance, mais pour laquelle il éprouve des sentiments coupables. Elle est la réalisatrice de l’opéra et le pivot de l’affaire.
La première est celle du jeune assistant-metteur en scène du spectacle, qui ressemble à notre société d’exigence et de faiblesses et qui, déçu dans ses exigences et rongé par ses faiblesses, met fin à son désordre intérieur par le suicide. Il est l’élément déclencheur d’un profond questionnement sur la vieillesse, la fin de vie et la mort. Bousculant par son suicide les certitudes du « vieux », il devient le catalyseur de sa prise de conscience.
Je vous laisse découvrir les rapprochements troublants et révélateurs qu’on peut discerner entre l’opéra maçonnique de Mozart, ce roman et un autre, culte, « Au-dessous du volcan » de Malcolm Lowry.
Le couple du roman, formé par le « vieux » et sa compagne, fait pendant à celui de Tamino et Pamina dans « la Flûte ». Pérennisé par l’épreuve qu’il subit – une espèce d’« initiation à la fin de vie » comme l’écrit un lecteur sur le site de Babélio – il projette de magnifier son amour par une fin non subie.
Ce livre rare, d'une langue claire et maîtrisée, se veut roman d'amour, certes, mais chacun pourra y trouver remède à des frustrations et des échecs. Il m'a fait tristement ressentir, par exemple, la cruauté du désir sans écho. Bien que d'âge mûr, en effet, on suppose de la réciprocité à ses propres transports ! Est-ce la seule résignation qui finalement conduirait au rêve d'une fin de vie « planifiée » ?