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Contribution La Griffe Lorraine

Rubrique Coups de coeur

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲▲

Facilité de lecture ▲▲▲△△

Rapport avec le rite △△△△△

Le livre d'Elisabeth de Fontenay expose avec clarté la façon dont les diverses traditions philosophiques occidentales, des Présocratiques à aujourd’hui, ont abordé l'énigme de l'animalité, révélant par là même le regard que chacune d'elle porte sur l'humanité. C’est une somme de tout ce que les philosophes, depuis la plus haute antiquité, ont écrit à propos des animaux et sur la façon dont ils devaient être traités par les hommes.

Dans l'Antiquité, si les hommes offraient des animaux en sacrifice aux dieux, ils s'accordaient sur leur statut d'êtres animés et avaient pour eux de la considération. Cependant bien des questions demeuraient ouvertes : Les animaux pensent-ils ? Sont-ils doués de raison ? Ont-ils la même sensibilité que nous ? Pourquoi donc restent-ils silencieux ? Mais depuis l'ère chrétienne, la condition de l'animal a radicalement changé. Désormais les philosophes se préoccupent surtout de verrouiller le propre de l'homme et de ressasser les traits qui le différencient des autres vivants, lesquels sont considérés comme des êtres négligeables : tenus pour des machines (Descartes) et à l'occasion comparés à des pommes de terre (Kant). Des hommes d'esprit et de coeur font bien sûr exception, au XVIIIe siècle surtout et, au XXe siècle, de nouveaux courants philosophiques rappellent que la manière dont nous regardons les bêtes n'est pas sans rapport avec la façon dont sont traités quelques-uns d'entre nous, ceux que l'on déshumanise par le racisme, ceux qui, du fait de l'infirmité, de la maladie, de la vieillesse, du trouble mental, ne sont pas conformes à l'idéal dominant de la conscience de soi.

C’est précisément ce que dit Lévi Strauss : en créant des frontières infranchissables entre l'humanité et l'animalité, les hommes mettent alors en place les structures pour écarter des hommes d'autres hommes. Rappelons-nous, dit Marguerite Yourcenar, qu’il y aurait moins d’enfants martyrs s’il y avait moins d’animaux torturés, moins de wagons plombés amenant à la mort les victimes de quelconques dictatures, si nous n’avions pris l’habitude des fourgons où les bêtes agonisent sans nourriture et sans eau en attendant l’abattoir.”

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