SIDDHARTA
Contribution La Griffe Île de France
Rubrique Coups de coeur
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲△
Facilité de lecture ▲▲▲▲▲
Rapport avec le rite ▲▲▲△△
Prix Nobel de littérature en 1946, Hermann Hesse a écrit en 1922 ce petit roman, initiatique par bien des aspects, qui a ravi depuis lors des générations de « cherchants ».
Il nous emmène dans une Inde recréée, contemporaine de Bouddha, pour nous conter l’éclosion d’un « éveillé », Siddhartha, et nous raconte son parcours initiatique, longue pérégrination sur des terrains très divers : l’ascétisme auprès de moines pèlerins, la contemplation et la fascination auprès de Bouddha lui-même, l’amour d’une femme, puis la richesse et les plaisirs qui le noient quelque temps dans l’agitation de la vie humaine, mais qu’il finira par abandonner, laissant derrière lui sa situation et ses biens, mais aussi son aimée, pourtant enceinte.
S’installant alors paisiblement au bord d’un fleuve avec un « passeur », il revient à la simplicité et la méditation, en plein accord avec la nature, source infinie d’enseignements.
Ayant enfin trouvé la paix intérieure qui constitue en fait la sagesse suprême, le seul témoignage de cette sagesse qu’il pouvait donner à ceux qui venaient le consulter, source d’espoir cependant, était son sourire qui « ressemblait exactement au sourire calme, délicat, impénétrable, peut-être un peu débonnaire et un peu moqueur, de Gotama ».
Tous ceux qui ont admiré, ne serait-ce qu’un fois, un Bouddha assis, comprendront ce que Hesse a voulu nous dire.
« Bienveillance à tous mes Frères ! », nous dit le rituel dès notre entrée en Loge. Finalement si tout commence ainsi, le but du chemin ne consiste peut-être qu’à en devenir réellement capable afin d’être en mesure de proposer aux autres de s’engager sur cette voie.
Siddharta se lit comme un conte, un rêve éveillé, enchanteur par l’univers exotique qu’il évoque et par la vérité humaine qu’il contient. Comme Montesquieu dans ses Lettres Persanes, Hesse nous emmène au loin pour nous délivrer un message simple et personnel que nous aurions trouvé banal en d’autres circonstances. Mais il nous ramène avec d’autant plus de force à la racine de notre engagement, loin des discours pompeux habituels. Il nous interroge aussi sur la nature de la « transmission » qui donne certes des éclairages, des balises, sur le chemin de l’éveil ou de la sagesse. Mais cette sagesse ou cette paix intérieure ne s’apprennent pas. Elles ne peuvent être que le fruit du « vécu » de chacun, dans son unicité.