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Contribution La Griffe Parisienne

Rubrique Coups de coeur

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲△

Facilité de lecture ▲▲▲▲△

Rapport avec le rite ▲△△△△

Il y a différents lieux, différents moments où j’ai aimé croiser Jean-Paul Kauffmann.

Déjà à Sainte Hélène avec Napoléon (La chambre noire de Longwood) ; à Eylau (Outre -terre), toujours avec Napoléon et le Colonel Chabert ; en l’église Saint-Sulpice de Paris face à Delacroix (La lutte avec l’ange) ; et maintenant à Venise à la recherche des églises fermées (de préférences à double tour et depuis longtemps)...

Il y a chez Jean-Paul Kauffmann deux constantes qui servent de fil directeur à chacun de ses écrits : celle de l’enfermement et celle des églises.

À Venise, Kauffmann tente de faire ouvrir les églises fermées. Il va falloir ici pousser de nouvelles portes, les forcer parfois…  L’enquête que notre journaliste mène pour déterminer les lieux saints qui doivent être « découverts » devient une quête… Le chemin est long, semé d’embuches, avant d’accéder au sanctuaire… Très rapidement, on vit « de l’intérieur » cette transgression qui est ici à portée de poignées de portes, de murs escaladés, d’écoutes indiscrètes…

De « l’enfermement de Sainte Hélène » en passant par les geôles libanaises bien réelles, Kauffmann nous fait comprendre que son chemin vénitien fait de lui un homme enfin libre et, surtout, libre de son questionnement.  L’occasion, en tout cas, pour l’auteur de se retrouver face à lui-même à travers ses propres introspections…

À son habitude, l’auteur convoque dans son livre les personnages réels de son quotidien : une guide touristique ; le Grand Vicaire de Venise ; un entrepreneur en bâtiment ; un restaurateur et bien d’autres.  Le livre vit de ces relations, parfois compliquées, tout en donnant à l’ensemble le ton enthousiasmant de la Commedia dell’arte !

Mais on s’assoit aussi virtuellement à côté de Lacan, Hugo Pratt et Corto Maltese, Hitchcock… sans oublier Napoléon qui fit fermer (et hélas détruire) nombre d’églises à Venise.

« Venise à double tour » n’est, ni un guide touristique, ni un roman policier, ni une fiction (la rigueur historique est bien là), ni même une autobiographie ; c’est, je crois, tout cela à la fois…

Une recherche personnelle esthétique obstinée et précise au service d’une quête de sens que chacun peut s’approprier.

Pour ceux qui apprécient et utilisent déjà le rituel « Kauffmannien » en ce qu’il prend en compte le sacré, le spirituel et le secret… ou pour ceux qui aimeraient tout simplement s’évader, pénétrer la cité des Doges et s’y perdre !

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