LA GUERRE DES JUIFS

Contribution La Griffe Lorraine

Rubrique Coups de coeur

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲△△

Facilité de lecture ▲▲▲▲△

Rapport avec le rite ▲▲△△△

On cite souvent, tant dans l'histoire romaine que dans des écrits chrétiens, Flavius Joseph.

Le citer c'est bien, mais lire Flavius Joseph c'est encore mieux ; parce qu'il reste un auteur incontournable. Le traitre, le renégat, celui qui cède à la puissance de Rome et qui ira jusqu'à changer son nom pour prendre celui des Flavien, est, en fait, un grand pragmatique doublé d'un homme plaçant la vertu au-dessus de tout. Tous ceux qui se réclament de la justice, de la droiture et de la fidélité critiquent volontiers Flavius. Mais, il faudrait plutôt à son sujet faire la louange de la trahison. En quelque sorte, Joseph fait un grand pas de côté... J'ai repris cette phrase clé de la préface de La Guerre des Juifs qu'il intitule, avec une grande clarté, « Du bon usage de la trahison ».

J'aime son audace littéraire, mêlant le souci de l'historicité à l'exercice du parti pris.

Plus encore, il m'a fait découvrir la face cachée d'un peuple que la religion semble réunir, mais qui le divise en factions. Il brosse un portrait inattendu, froid, implacable des luttes internes, des violences commises au nom du dieu d’Israël. La prise du temple par les légions de Titus n'est plus un crime, mais un sursaut d'ultime conciliation au sein d'un peuple qui se déchire. La chute de Massada est un morceau d'anthologie absolument incontournable. Ce que nous apprend Flavius, derrière ses écrits historiques, c'est l'inconstance des idéaux, la relativité des faits, selon le point de vue de l'observateur. Il nous questionne : où se tient la véritable fidélité. Et fidèle à quoi ou à qui ? Oui, Flavius a choisi son camp, mais celui qu'il abandonne méritait-il qu'on le défendît ?

 On devine bien que le mérite de La Guerre des Juifs est autant d'ordre spirituel qu'historique. Flavius a réussi le tour de force de concilier les deux !