ÉLOGE DU SCRIBE
Contribution La Griffe Ile de France
Rubrique Coups de coeur
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲△
Facilité de lecture ▲▲▲▲▲
Rapport avec le rite ▲▲▲△△
« Écris de ta main, Lis de ta bouche »
Souci pédagogique d’un père qui n’aspire qu’à une seule fonction pour son fils, la plus valorisante, la plus centrale de l’Égypte pharaonique : devenir Scribe.
Me voici tombé par hasard sur un petit livre intitulé Éloge du Scribe. Moi qui ne sais vivre que par l’écriture et la peinture, je découvre un homme d’encre et de pinceau, usant de noir de fumée et de papyrus, éléments essentiels pour la mémoire et le pouvoir.
« Ce sont les écrits qui font qu’un homme est mentionné » dit un père à son fils 2400 ans avant JC. « Un livre est plus utile qu’un édifice à l’occident » ajoute-t-il. À méditer !
Cette aspiration scripturale vient de Thot, le Scribe excellent, le maître de l’exactitude, qui met à part la Parole afin qu’elle reste.
C’est ainsi que nombre de pères vont harceler leurs enfants afin qu’ils épousent cette fonction. Tout sera bon pour les convaincre, en particulier dénigrer les autres métiers : le fondeur plus puant que des œufs de poisson, le potier qui fait de ses pieds un pilon, le cultivateur gémissant pour l’éternité, le tisserand aux genoux contre son thorax lui coupant la respiration.
Le Scribe met sa compétence au service des autres, il n’a pas de chef, il est le chef : « deviens Scribe pour que tes membres soient lisses et que ta main devienne délicate »
Le Scribe a régné sur la civilisation égyptienne et nous en a porté témoignage. L’écriture est au centre de toute civilisation, elle a « une présence esthétique prééminente » nous dit cet éloge.
Nos scribes, à nous francs-maçons, ont écrit les textes sacrés, les sentences de sagesse. Ils ont fixé les rituels de manuscrit en manuscrit. Et nous-même par chaque colonne gravée nous fixons les empreintes d’une mémoire actualisée en permanence, vecteur d’une transmission perpétuelle qui nous enrichit autant qu’elle nous interroge. Nous qui sommes issus d’une tradition orale, avons succombé à l’apport de l’écrit. Ce n’est pas sans raison, il n’existe pas dans une culture orale de version originale légitimée. L’écriture prépose un outil incontournable d’édification intellectuelle et spirituelle.
Nous sommes tous quelque part les artisans du signe. Au geste correspond l’intériorité. À nous d’en faire dans le profane et le sacré une manne de l’esprit le plus pur.
« Écris de ta main, lis de ta bouche »