ET ROME S'EMBRASA
Contribution La Griffe Lorraine
Rubrique Coups de coeur
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲△△
Facilité de lecture ▲▲▲▲▲
Rapport avec le rite ▲△△△△
L'auteur est des hommes les plus connus d'Italie grâce aux très nombreuses émissions de télévision dans lesquelles il a vulgarisé l'histoire romaine avec un talent peu commun. Ayant plusieurs cordes à son arc, il a animé des émissions scientifiques. Une sorte de Jean-Marie Pelt à l'italienne. Ceci explique cela. Dans son récit du grand Incendie qui détruisit Rome en l'an soixante-quatre, il se livre avec maestria à un double exercice : mêler l'histoire, avec rigueur, à un roman, sorte de docufiction.
S'appuyant sur les dernières découvertes et les plus récents travaux des meilleurs spécialistes de l'archéologie et de l'histoire romaine c'est à un nouveau regard qu'il nous invite à porter sur cet événement incroyable, un incendie qui dura huit jours et transforma les deux tiers de la capitale de l'empire en un champ de ruines fumantes. Les auteurs latins ne manquèrent pas de raconter ce drame, certains avec détails, d'autres peu d'objectivité. Et Néron dans tout ça ? Il fut victime à double titre de cette catastrophe. D'une part sur lui, par les calomnies débitées par Suétone et d'autres et d’autre part sur ses biens qui furent dévorés par le feu.
Il se montra généreux pendant l'incendie et efficace par ses décisions quelques fois difficiles, comme celle de faire abattre des édifices par les vigiles et les soldats présents, pour établir des zones coupe-feu, ce qui sauva une partie du Forum et préserva le Capitole entre autres lieux. Par la suite la populace privée de « circenses » accusa les chrétiens. Il faut dire que la première victime fut le cirque maxime, dont les réserves étaient remplies de paille, d'huile d'olive et autres produits des plus inflammables. Ajoutez que le cirque était aux deux tiers en bois, et vous comprendrez que la chute d'une petite lampe à huile entraîna la plus grande destruction que l'Urbs connu.
Alberto Angela nous fait vivre ces journées tragiques avec les vigiles, les édiles, le peuple des artisans et des négociants, les affranchis et les esclaves. Son récit est passionnant, haletant, bref bigrement bien écrit. Sa réputation n'est pas usurpée et les pisseurs de thrillers ont encore un colossal bout de chemin à faire avant d’arriver à la hauteur de la semelle de ses cothurnes.