JEAN LE BLEU
Contribution La Griffe Lorraine
Rubrique Coups de cœur.
Souviens-toi, tout le bonheur des hommes est dans de petites vallées
Intérêt général de l’ouvrage: ▲▲▲▲▲
Recommandation de lecture: ▲▲▲▲▲
Facilité de lecture: ▲▲▲▲▲
Rapport avec le rite: ▲▲
Ce n’est pas un récit homogène, mais une suite de petites merveilles, tendres ou durs morceaux de vie, toujours distanciés (car Giono n’impose rien) et finement partagées par cet extraordinaire conteur. Elles ont pour cadre l’enfance puis l’adolescence dans cette haute Provence d’avant la guerre (la première) et son petit mondeJean le Bleu, Jean des premières années de petit garçon choyé, Jean du ciel, Jean du temps où les paysages étaient à l’image du sentiment des personnages, où les hommes étaient francs autant dans leur mesure que dans leur démesure. A nature entière, hommes et femmes en rapport, ou bien je me trompe, mais Giono n’a jamais séparé l’idée qu’« entre l’homme et le cosmos existe une unité profonde ». Écris en 1932, ces souvenirs largement autobiographiques sont comme des cheveux que l’on lisse, tresse, peigne, coiffe ou ébouriffe. Ils appartiennent à la même tête qui grandit, hume, respire et fait son profit. Il ne suffit pas d’apprendre, il faut surtout écouter et attendre. Giono use d’une belle métaphore, comparant la vie à un fleuve bordé de baraques foraines : Il est facile de casser, au tir à cinq pas, l’œuf qui tombe. « Alors la fille, elle met la main sur ton bras. « T’as vu ?, mais lui, le fleuve, qu’est-ce que tu veux qu’il fasse dans cette foire, là sur les bords ». (Page 191). Un bon bouquin, mieux un compagnon qui vous apporte une paix profonde, sans leçons ni recettes, simplement comme on partage la soupe, en se serrant un peu pour faire place à celui qui a frappé, un peu tard, et ainsi s’ouvrir au monde.