L’espérance folle
Contribution La Griffe Lorraine
Rubrique Coups de cœur.
« Aujourd’hui, j’éprouve le sentiment d’être le dernier dinosaure libre ».
Intérêt général de l’ouvrage: ▲▲▲▲▲
Recommandation de lecture: ▲▲▲▲
Facilité de lecture: ▲▲▲▲
Rapport avec le rite: ▲▲
Chanteur à la voix singulière, fragile et voilée, compositeur de mélodies limpides, quelquefois pleines d’humour et souvent très subtiles, Guy Béart a mis en musique de nombreux textes de poètes connus, au premier rang desquels Verlaine et Ronsard. Chanteur qui a indéniablement bercé ma jeunesse, sans que je ne comprenne alors le sens de toutes ses paroles, je me remémore aujourd’hui encore quelques-unes de ses chansons comme « L’eau vive », « Le pont de Nantes », « Les couleurs du temps » ou encore « Cercueil à roulettes ». Titre de son ouvrage, « L’espérance folle » est d’abord une chanson qui nous projette dans l’avenir en nous invitant à maîtriser le temps. Portés par cette même vague de la vie, rythmée par le flux de nos expériences, notre existence est tendue vers l’à-venir, c’est-à-dire vers ce que nous devons devenir. L’espérance, c’est aussi la recherche du possible à travers le difficile, telle une promesse qui nous fait vivre. Ingénieur des ponts et chansons, comme il aimait s’appeler non sans orgueil, Guy Béart est également une personne touchante lorsque, faisant face à deux cancers, il écrit ce titre plein d’espoir : « Demain je recommence », tout en affirmant que la mort est « une compagne pas désagréable ». Les paroles de Guy Béart viennent par ailleurs nourrir une philosophie critique de son époque, ô combien d’actualité. Avec « La Vérité », il met en avant la liberté d’expression et lève le voile sur les tabous de la société en 1968. Avec la « post-vérité » qui a suivi le Brexit au Royaume-Uni et l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis, nous sommes entrés dans le monde des « proverbes d'aujourd'hui », proverbes qui « à notre époque ressemblent », et sont « les clameurs de la nuit ». Ainsi : « Deux et deux font cinq ou trois, pour le penser on est quatre » ajoutant que « Ce qui est c'est ce qu'on croit. » Au-delà de cette voix qui vibre et résonne toujours en moi, je retiens de Guy Béart un homme libre, sans masque et sans fard, un chanteur qui, en pesant chaque mot afin d’exprimer au mieux sa vérité, met en lumière les couleurs vives de l’espérance et provoque, après quelques minutes d’écoute, un bonheur au parfum d’éternité.