MAN D’ARC
Contribution La Griffe Lorraine
Rubrique Coups de coeur
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲△
Facilité de lecture ▲▲▲▲▲
Rapport avec le rite ▲▲△△△
Encore un « Jean de La Varende » ! Écoutez, j’en avais besoin, par ces temps disloqués, de ces valeurs surannées du 17ème siècle, d’un bon roman écrit à la plume d’oie tenue par un gant à crispins. Pas de tête vulturine ici, mais les visages fiers de hobereaux bretons et vendéens.
Ceux-ci se soulevèrent en 1832, en faveur d’Henri le cinquième, fils du duc de Berry, asticotés par sa veuve, la duchesse régente. Combat perdu des blancs contre les bleus « orléanais », de Louis Philippe, « le cousin du roi-fauteuil. ». Qu’importe, vouons aux Erinnyes ces pancaliers parisiens de cours et profitons de cette chasse qu’est la guerre pour parler chevaux et harnachements, meutes de chiens (200 grands beagles pour une chasse, par groupes de trente), sonneries aux « honneurs », et vêture en pantalon de Nankin, gilet en panne abricot sous une cravate à percale et husseaux « courre le lièvre » pour présenter ses hommages à Madame.
Ce qui n’empêche pas le grand manteau de cuir scellant les amorces, bourres et balles pour qu’elles se tiennent au sec et dont on déchirait l’enveloppe de papier avec les dents. (les hommes qui n’avaient plus d’incisives étaient dispensés du service armé).
Mais je m’égare… Car j’entends houcher comme une mise en garde à ne point trop juger caustiquement ce monde, le sourire en coin, envieux d’une société des Usages (dépassés les Usages ?) et qui le sait pertinemment.
Vous aurez beau, lecteur, gratter vos cheveux calamistrés vous ne trouverez nulle tromperie ou malséance dans ce récit d’une belle amitié, à la découverte d’un « pays » au destin perdu d’avance.
Seul compte le respect de la parole donnée, celle due à son rang, les festins sous les ardoises manquantes et calmer d’un geste les paysans de son fief qui vous devaient l’Ost (un mois de travail) et le refusaient car c’était la période des foins… De quoi enrhumer la mobilisation. Ce qui fut le cas, et faute de combattants, malgré la bravoure des chefs, la guerre, d’escarmouches espacées, fut perdue.
Ce roman est magnifiquement écrit, cultive les non-dits, laissant au lecteur sa liberté, d’une intelligence de situation et de sentiments rares… Bref, c’est fin.
Permettez que je me retire de la bonne fouée, j’ai un épithalame à terminer avant d’aller chasser le halbran.
Salut et Fraternité … Euh non, ça c’est révolutionnaire…