TRAGÉDIE FRANÇAISE
Contribution La Griffe Hypatie
Rubrique Coups de coeur
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲△
Facilité de lecture ▲▲▲▲▲
Rapport avec le rite ▲▲△△△
Ce livre n’est pas un livre politique mais celui d’une époque. Son auteur, tient depuis plus de quarante ans des carnets d’entretiens avec les puissants qui lui permettent de faire le travail recommandé naguère à tout bon journaliste : être l’historien de l’immédiat.
Dans ce registre Franz-Olivier Giesbert excelle, autopsie, grandeurs et agonies et avance, la fleur au fusil, avec ses deux hémisphères : le Gauche, celui du Nouvel Observateur de ses débuts, le Droit celui du Figaro et du Point de sa fin de carrière.
Le bien nommé FOG, faisant fi du brouillard, nous dévoile les coulisses de notre roman national. Après « le Sursaut » et « La Belle Epoque », l’ouvrage conclut la trilogie publiée dans la collection blanche de Gallimard.
Trahisons, mensonges, inconstances, lâchetés, sa galerie de personnages illustre à merveille la phrase d’Alexandre Dumas « Il y a des services si grands qu’on ne peut les payer que par l’ingratitude ».
Giesbert raconte son époque mais pas que… Personnage foutraque, jamais là où on l’attend, il attaque son creuset d’origine, la Gauche avec les accents d’un amant déçu et revendique une liberté qui justifie ses changements de pied. On retrouve le Jean Cau des « Croquis de Mémoire » dans la forme mais aussi dans le choix d’un parcours. L’un quittait Sartre, l’autre Jean Daniel du Nouvel Observateur. Tous deux ont le renoncement au vitriol.
Rubempré qui aurait réussi, lui, « le bouseux normand » comme il se qualifie, aura été le confident des dernières heures de Mitterrand et de Chirac et le témoin de bon nombre de secrets qui dessine cette histoire en relief. Mais s’il poursuit, traque et piétine ses fantômes avec plus de nostalgie que de cynisme, FOG est aussi rattrapé par Narcisse et ne s’efface pas devant ces ombres glorieuses, politiques, littéraires, artistiques d’hier ou d’aujourd’hui. Il se raconte aussi. Evoque sa foi, Dieu « cet apatride qui n’appartient à personne, ni à une religion », ses amours de séducteur compulsif et cite Colette « il y a deux sortes d’amour : l’insatisfait qui vous rend odieux, le satisfait qui vous rend idiot », consumant admirations et inimitiés avec la même acuité. Au bucher des vanités rien n’est jamais fini tout recommence toujours.
« Un vrai journaliste dit Pierre Nora est celui qui vend la mèche en se brûlant les doigts ».