LE COMPAGNON DE VOYAGE
Contribution La Griffe Lorraine
Rubrique Coups de coeur
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲△
Facilité de lecture ▲▲▲▲▲
Rapport avec le rite △△△△△
C’est un texte très court, à l’idée très simple. En 1943 (après le renversement de Mussolini), l’armée italienne, en déroute, s’éparpille, poussée, par le débarquement des forces alliées.
A l’extrême pointe de la péninsule, face à la Sicile, les derniers combats voient se faire tuer un aristocrate, ou supposé tel, lieutenant italien qui, avant de mourir, fait jurer à un de ses soldats, Calusia, de rendre son corps à sa famille, à Naples.
Calusia est un brave et honnête paysan qui regagnera ensuite Bergame, ayant tenu parole.
S’ensuit la remontée de l’Italie, avec divers personnages, dont un âne docile, Romeo, qui porte la caisse.
A l’image des engagements successifs de Malaparte, la remontée vers le nord sera l’occasion d’une étude du peuple italien, qu’il aime comme un frère. Mais aussi d’une étude emportée contre l’Italie des « puissants galonnés », étude sensible et pleine de pitié envers « les pauvres diables…les à bout de souffle ». Ceux qui, comme Calusia ne peuvent s’exprimer, mais francs, tiennent à leur idée et humblement s’ouvrent ainsi la porte du salut.
Important : Il faut dire un mot de cette écriture plate, sans fioritures, tantôt sans transitions entre les péripéties, tantôt presque infantilement expliquées ; Une écriture modeste, rugueuse, a minima, à l’image du peuple qui n’a personne pour se défendre, des femmes « exploitées » et de ceux qui, marchant dans un mouvement aveugle, sont ignorants de leur destinée.
Belle convergence de cœur et belle humilité de la part d’un auteur que l’on connait plus emphatique et passionné.
Cette extrême retenue d’un texte qu’il travailla jusqu’à la fin de sa vie, touchera le lecteur comme ce le fût pour « me » (*).
(*) Clin d’œil à la maison comme moi, « una casa come me » point de chute de Malaparte à Capri.