LA CROSSE ET L’EPÉE
Contribution La Griffe Lorraine
Rubrique Coups de coeur
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲▲
Facilité de lecture ▲▲▲▲▲
Rapport avec le rite △△△△△
Seul deux écrits existaient sur l’histoire des princes évêques en alsace : Le premier en 1770 par l’abbé Grandidier et le second en 1879 par le curé Louis Gabriel Glöckler.
Eric de Haynin, alsacien, évidemment, nous propose une troisième approche contemporaine qui met en lumière le concept de prince non héréditaire et en même temps évêque, alliant la crosse et l’épée.
Pendant une longue période, seule Strasbourg put maintenir sa souveraineté jusqu’à Bonaparte, les autres évêchés furent absorbés par les puissances voisines (Metz, Toul, Verdun, Besançon).
Au 13° siècle Strasbourg se rebella contre son évêque et acquit son indépendance, mais le prince élu y restait évêque. En 1263, Strasbourg avait un monarque représentatif qui ne gouvernait pas, mais disposait de constitutions urbaines pour sa gouvernance.
L’alsace fût secouée par deux crises importantes, la révolte des paysans en 1525 et la réforme luthérienne. Cette révolte paysanne dénonça la déconnexion entre les élites et le peuple.
Le 16 avril 1525, les paysans demandèrent l’abolition du servage, l’interdiction de toute nouvelle taxe, une réforme équitable des redevances, une réforme de la police et de la justice, la dime limitée à 10 %.
Le 20 février 1529, le grand sénat supprima la messe catholique et Strasbourg devint un bastion du protestantisme.
Léopold d’Autriche, catholique, succéda à l’âge de 22 ans au cardinal de Lorraine, avec le titre d’administrateur-élu de l’évêché de Saverne. Les protestants en réaction lancèrent en mai 1608, l’Union Evangélique, à laquelle la ville de Strasbourg se rallia. En réaction, le duc de Bavière, catholique, créa une ligue rassemblant un grand nombre de princes évêques dont celui de Strasbourg. Les princes protestants se rapprochèrent de Henri IV. Au final le sort bascula au profit de la France catholique.
Eric de Haynin nous relate l’histoire de l’alsace et de la succession des princes évêques jusqu’aux Rohan, une dynastie héréditaire de cardinaux de 1704 à 1802, période pendant laquelle le protestantisme recula en alsace pendant tout le 18° siècle.
Un incontournable qui nous invite à un voyage de plus de mille ans, pas un roman mais un vrai livre d’histoire très bien documenté, passionnant pour ceux qui sont intéressés par Strasbourg, sa cathédrale et l’histoire des princes évêques d’alsace, et d’une manière plus générale par les rapports complexes entre la crosse et l’épée, le catholicisme et le protestantisme...