Contribution La Griffe Lorraine

Rubrique Coups de coeur

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲▲

Facilité de lecture ▲▲▲▲▲

Rapport avec le rite ▲▲▲▲▲

Les librairies religieuses ont du souci à se faire car ce livre relègue à l’autodafé tous les rayons de bondieuseries et expériences autocentrées psycho-machin… (sauf Jacqueline.)

De quoi s’agit-il ?

Du récit d’une conversion, celle d’un bénédictin. Et alors ? Rien de nouveau si ce n’est, après quarante ans de vie cénobitique, son second engagement, celui qui le liera, assumé et définitif, au monde rural des hauts plateaux du Cantal.

La robe de bure et la corde aux trois nœuds (obéissance, stabilité, conversion des mœurs) toujours présentes, bien sûr, mais remplacées par la combinaison, le bonnet, et les bottes ; L’encens par la bouse ; Le récitatif par la prière non dite, celle de la traite des vaches (salers et ferrandaises), du curage de l’écurie, clôtures et fenaison.

Passer d’une ferme à l’autre – nourrir--

Des raisons de ce choix nous ne saurons rien, sûrement préparées par quelques expériences antérieures : Pécheur, (en mer je précise). Ici il n’est pas question d’une expérience rapportée, mais d’une temporalité fondée dans la spiritualité. L’auteur parle souvent de son horloge (aux deux poids génitoires !!!) qui superpose au calendrier des fêtes liturgiques l’exigence du temps vécu, travaux intérieurs, travaux extérieurs, qu’il soit midi ou minuit, le temps est ainsi plein.

Il est beau le moine sentant le feu, la bouse, la suée et le canon (pas le polyphonique, mais celui du bistrot du coin) cultivant son jardin et celui des autres.

Odeur de feu, odeur de bouse, odeur (de sainteté ?) des hommes rudes, des animaux, et des paysages… Être la main qui aide, partager le travail, le repos, l’âpreté… Être à sa juste place, simplement.

La structure du récit est découpée selon le temps conjoint, celui des heures de l’ora et du labora. Temps unifié, le travail et la prière, le travail-prière. De même l’espace qui n’existe que par les visites de ferme en ferme.

« Le Temple, c’est l’homme ». J’ai entendu cela quelque part. Où l’on voit que le don fait lien à soi-même, aux autres et à son Dieu.

C’est un récit calme, radieux.

Cet « ermite social « est à rejoindre dans son petit oratoire ou bien sous la pluie, à ses côtés, traire les vaches et ainsi participer, « paysan d’une humanité sans prestige » au Royaume … Être heureux.

Précédent
Précédent

QUATTROCENTO

Suivant
Suivant

CAMPAGNE