UN CERTAIN M. PIEKIELNY
Contribution La Griffe Lorraine
Rubrique Coups de coeur
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲△△
Facilité de lecture ▲▲▲▲▲
Rapport avec le rite ▲△△△△
Ce récit tramé de trois superpositions empilées. Savoir :
- La recherche d’un vieux juif lituanien à qui Roman Kacew fit une promesse.
- Ce Kacew, qui deviendra Romain Gary (1914-1980), l’a-t-il respectée ?
- Et l’auteur de s’en aller, en 2017, en quête de ces véracités, comblant les vides de l’histoire, entre ce que nous apprend, (ou pas), le présent sur le passé. Un passé d’ailleurs fantasmé.
Gary eut une vie mouvementée, le vieux juif une vie tragique et nous, à quoi nous accrochons nous, si ce n’est parier sur la vérité, fut-elle littéraire, donc fictionnelle ?
Tout commence par le chapitre VII de « la Promesse de l’Aube ». On connait l’amour dévorant, exclusif, prophétique et sacrificiel de la mère du petit Romouchka… Cette vieille folle de Mina Kacew, risée de tous, excepté d’un certain Piekielny, habitant le même immeuble. Piekielny, « infernal » en polonais, ce qui n’augurait rien de plaisant en cet entre-deux guerres.
« Il ressemblait à une souris triste », écrit Gary. La souris posa sa main sur la tête du jeune Roman et lui fit promettre que quand il rencontrerait, plus tard, des hommes importants, il leur dirait : « Au 16 de la rue Grande-Pohulanka, à Wilno (Vilnius), habitait M. Piekielny … » C’était en 1925. Ce que promis Gary, au destin que l’on connait, la bouche pleine de sucreries.
La promesse fut respectée, maintes fois, rapporte Gary. Et Désérable de remonter le fil de cet absent inconnu de juif, de ce Gary aviateur, compagnon de la libération, diplomate, ambassadeur et écrivain célèbre et de lui, Désérable, auteur à la recherche de personnages « roulés dans la farine du temps », dévoilant le tourbillon de leur pathétique existence, y mêlant la sienne, minuscule, et certes moins tragique.
Faut il chercher réponse à tout, à tout savoir ? La fiction n’est-elle pas plus « vraie » ? Ce qui compte est ce que l’on lit ou ce que l’on voit ?
M. PIEKIELNY, de ghetto en ghetto, de camion en train, puis… Vers quel horizon se couche ta fumée ?. As-tu seulement existé ? Peu importe. Ton nom, comme celui de tous les innocents, passés, présents et à venir, fût, n’en doutons pas, rappelé aux grands faiseurs de ce monde.
Seul cela compte…