Contribution La Griffe Lorraine

Rubrique Coups de coeur

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲▲

Facilité de lecture ▲▲▲▲▲

Rapport avec le rite ▲▲△△△

Les étudiants de la Sorbonne et ceux des grandes écoles ont bien de la chance d'avoir comme professeur d'histoire un des historiens les plus grands de tous, et qui plus est d'une modestie sans égale, d'une simplicité incroyable et surtout un talent de conteur comme on en rencontre que trop rarement. Ses ouvrages illustrent à merveille les propos de Boileau « ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément ». Faisant fi des mots compliqués qui se veulent savants et ne flattent que les sots, Dumézil écrit dans un style d'une simplicité remarquable. Les phrases s'enchaînent naturellement, sans hiatus sans aller et retour. Toute l'histoire de Charlemagne s'y déroule, à la façon d'un véritable roman que l'on dévore et dont on a hâte de connaître la fin, alors qu'on la connaît pourtant !

Dumézil, en historien rompu à l'enseignement domine son sujet : le haut Moyen Âge. De Clovis aux Mérovingiens, des Peppinides aux Carolingiens, il ne s'en laisse pas conter, et surtout il éclaire Charlemagne d'un jour nouveau. Pas de barbe fleurie, pas d'épée nommée « Joyeuse » et autres clichés construits après coup. Charlemagne est d'abord un homme pragmatique, qui sait puiser dans les acquis positifs des Mérovingiens, voire des barbares, et qui ne souhaite qu'une chose : assurer le salut chrétien à tous ses sujets ! La chose peut paraître étrange, mais telle était bien l'ambition de l'empereur. Pour parvenir à ses fins il n'hésita pas à recourir aux conversions forcées notamment chez les Saxons, et si besoin quelques massacres.

Le plus passionnant de ce livre est le chapitre consacré à la postérité de son nom jusqu'à nos jours et les récupérations plus ou moins heureuses de son nom glorieux. Tous les empereurs se réclameront de lui, Il n'est pas jusqu'à Hitler qui baptisa une de ses divisions Charlemagne. Enfin, il incarne l'Europe moderne et la paternité des écoles. Sacré Charlemagne !

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UN LONG MOYEN AGE

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