UN LONG MOYEN AGE
Contribution La Griffe Lorraine
Rubrique Coups de coeur
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲△
Facilité de lecture ▲▲▲▲▲
Rapport avec le rite ▲△△△△
Que n'a-t-on pas raconté sur le Moyen Age ! Tant d'idées reçues voilent cette période que Le Goff, n'en pouvant sans doute plus des préjugés, s'est attaché à défendre et illustrer le Moyen Age. Grand bien lui en a pris et c'est tant mieux. Il s'attaque tout d'abord à la chronologie communément admise et en démontre les approximations et partis pris, puis il analyse divers aspects de cette période qui commence avec l'antiquité tardive et s'achève ...à la Révolution française, thèse que je partage et défend depuis plusieurs années.
L'élément central, incontournable, est la foi et la pratique religieuse. Le point culminant pour Le Goff se situe aux XIIe et XIIIe siècles, et ce dans toute l'Europe. Son livre regarde le Moyen-Âge d'un œil acéré sous l'angle des rapports entre les grands féodaux et l'Eglise, acteurs incontournables de cette période. Il ne néglige pas pour autant le peuple des paysans, à vrai dire en état de servage, ni les lettrés, les artisans et les bourgeois.
Tout ce monde est si imprégné de christianisme que cette religion constitue de fait le ciment de la société féodale. Et c'est bien là son caractère à prendre en compte pour saisir la pensée de cette époque. Le Goff se montre un ardent défenseur de cette période que la Renaissance s'empressa de noircir pour se donner une aura injustifiée.
Tous les historiens tomberont dans ce panneau grossier et ce jusqu'au début du XIXe siècle. Voltaire, personnage douteux, ne manquera pas d'écrire des lignes féroces sur ce Moyen Âge dont il ne connaissait que les ragots. Se donner de l'intelligence à ce prix est aisé pour qui n'en dispose que de peu.
Il ne suffit pas de fréquenter le roi de Prusse pour paraître éclairé, et puis pour un homme qui était actionnaire d'une compagnie dont la principale activité était la traite négrière, Voltaire était fort mal placé pour s'exprimer sur le sujet.